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et géographique. Un Indien, fort habile dans les mathématiques et, principalement dans la trigonométrie et l’astronomie, étant venu à la cour du khalife, Almansour fit traduire en arabe un traite sanskrit intitulé Siddhanta ou Vérité absolue, qui avait été apporté par ce savant. Cet ouvrage exposait la théorie du mouvement des étoiles avec des équations calculées au moyen de sinus, de quart en quart de degré, suivant la trigonométrie indienne, ainsi que certaines méthodes de calcul pour les éclipses et les levers des signes du zodiaque. Il reçut le titre de Sindhind, forme altérée du sanskrit Siddhanta.

Les travaux exécutés sous Almansour prirent un plus large développement sous le règne d’Almamoun (en 813) ; nous avons déjà vanté le zèle généreux et éclairé de ce prince pour le progrès des sciences. Parmi les ouvrages grecs traduits par ses ordres, on cite l’Almageste de Ptolémée, dont les Arabes ne possédaient jusque là dans leur langue que des ébauches, ainsi que la Géographie du même auteur, qui était d’un usage indispensable. Ces deux versions, dont la seconde n’est pas arrivée jusqu’à nous, jointes au traité grec de Marin de Tyr, dont nous n’avons plus aujourd’hui ni l’original ni la traduction, et complétées par les doctrines indiennes, servirent de base aux premiers travaux de géographie mathématique. Ce n’est pas tout : le khalife voulut que les calculs des astronomes grecs fussent soumis à un nouvel examen. Deux observatoires furent construits : l’un à Bagdad, l’autre à Damas, et chacun de ces établissemens fut pourvu des instrumens et des livres nécessaires. Plusieurs écrits import furent le fruit de cette impulsion. Le khalife fit même mesurer à la fois dans les plaines sablonneuses de la Syrie et dans la Mésopotamie, aux environs de Sindjar, deux degrés du méridien terrestre, afin d’obtenir, la mesure exacte de la circonférence du globe et de contrôler les résultats auxquels étaient parvenus les astronomes de l’école d’Alexandrie.

Les ouvrages qui reproduisent pour nous le mouvement de la science arabe depuis ses origines jusqu’à Aboulféda peuvent être rangés en deux catégories : les premiers sont les traités d’astronomie et de mathématiques dans lesquels ces deux sciences sont appliquées incidemment à la géographie considérée comme un corollaire ; les seconds sont les traités destinés à nous faire connaître la terre dans son état physique, historique et politique, et auxquels se rattachent les descriptions de pays particuliers, les simples relations de voyages, les routiers, les itinéraires ; etc. Parmi ces travaux, analysés avec de très longs détails dans l’introduction de M. Reinaud, les ouvrages qui ont exercé quelque influence sur la formation et le développement des doctrines, ou les plus curieux par la nature des faits recueillis ; sont les seuls qui doivent appeler notre attention.

Au nombre des géographes mathématiciens contemporains d’Almamoun, nous trouvons d’abord Abou Djafar Mohammed, fils de Moussa, surnommé Alkharizmy, parce, qu’il était originaire de la province de Kharizm, à l’est de la mer Caspienne. Mohammed avait été choisi par le khalife pour être le garde de la bibliothèque de Bagdad. Il composa, sur le modèle de la Géographie de Ptolémée, un ouvrage intitulé Système de la terre (Rasm Elardh). Dans ce livre, qui semble devoir être le même que celui de la Figure de la terre, mentionné par le polygraphe Massoudy et l’astronome Albategnius, chaque nom géographique était accompagné de l’indication de la latitude et de la longitude.