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LE BISCÉLIAIS.


DERNIÈRE PARTIE.[1]

V.

Le bon Geronimo se croyait réellement en route pour l’autre monde. Il y serait peut-être allé, s’il n’eût oublié, dans son trouble, de rouvrir sa blessure avec ses ongles, comme il en avait d’abord le projet. La peur et l’émotion avaient causé son évanouissement. Lidia, qui était accourue aux cris du petit groom, trouva l’abbé couché dans le fiacre, le bras nu, la manche de sa chemise relevée jusqu’à l’épaule, les yeux ternes et la bouche entr’ouverte. Ce spectacle pitoyable toucha la jeune veuve. Quoiqu’il n’y eût point de traces de sang, on voyait bien que Geronimo avait essayé faiblement de se donner la mort, et qu’une circonstance presque indépendante de sa volonté l’avait empêché d’accomplir son suicide. Lidia rattacha vivement compresse et ligature, jeta de l’eau fraîche au visage du malade, lui frotta le nez et les tempes avec du vinaigre, et le remit sur pieds en un moment. Geronimo ouv rit les yeux, reprit ses couleurs naturelles et se sentit aussi vivant et aussi bien portant qu’il était possible à un amoureux accablé de

  1. Voyez la livraison du 1er janvier.