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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 décembre 1850.

Nous voici malheureusement une fois encore sous le coup d’une crise constitutionnelle. Il est pénible de le dire, et nous ne le disons qu’avec le plus profond regret, la bonne intelligence qui semblait avoir uni depuis quelque temps les pouvoirs publics se trouve subitement rompue. L’assemblée législative s’est ajournée lundi au 2 janvier, après une séance durant laquelle on attendait d’instant en instant un orage qui n’est pas venu, qui ne viendra peut-être pas, mais qu’il dépend néanmoins d’un hasard ou d’un entêtement de susciter à la plus prochaine rencontre. Il y avait, sur tous les bancs de l’assemblée, cette sourde anxiété qui présage les momens difficiles ; cette anxiété passe maintenant et circule au dehors, et l’année s’ouvre ainsi au milieu d’appréhensions qui nous rappellent cruellement que c’est déjà la quatrième qui commence dans cette ère d’épreuves où nous sommes.

Le répit qu’auront procuré par bonheur les courtes vacances parlementaires permettra sans doute à l’esprit de conciliation et de prudence de s’interposer plus efficacement, et, nous voulons encore l’espérer, de s’interposer en temps utile. C’est d’ailleurs un des plus ordinaires spectacles de la scène politique de voir les choses tomber d’elles-mêmes, pour peu qu’on ne tienne pas à les ramasser. Or, dans le cas présent, ce n’est point au gouvernement à provoquer une explosion dont il est plus à même que personne de calculer tous les tristes résultats ; quant à ceux qui se montrent si étrangement pressés de rentrer, pour lui faire pièce, dans le jeu périlleux des conflits, ceux-là ne sont plus, assure-t-on, que des victorieux dans l’embarras, qui ne demandent pas du tout qu’on parle de leur victoire, parce que, si l’on en parlait, ils seraient bientôt obligés d’avouer que leur victoire ne vaut pas le prix qu’ils la paient. Nous cherchons ainsi à nous rassurer de notre mieux contre les éventualités menaçantes qui pourraient sortir de la situation nouvelle que nous ont amenée les derniers