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sur la tête, qui la fit participer à la table du Seigneur, qui reçut son serment solennel de défendre l’église de ce royaume, et nous lui demanderons si tout cela n’était qu’un songe. Nous lui demanderons si elle a, depuis ce jour, appris cette misérable politique qui change la vérité en erreur et fait de la parole de Dieu un mythe, et nous lui rappellerons le jugement dernier, où elle aura à répondre de la violation de ses promesses solennelles. »


Le docteur Pusey posa catégoriquement la question de la séparation de l’église et de l’état. « Si l’état, dit-il, veut refuser à l’église la liberté qui est son droit inaliénable, le temps viendra où nous demanderons à l’état qu’au moins il nous délivre de lui. Si nous entrons dans une lutte avec l’état, on ne pourra pas reprocher à l’église de l’avoir cherchée. Nous sommes ici pour défendre la foi, dont le baptême est un symbole, et qui a été altérée par un tribunal que l’église ne reconnaît pas ; mais la réunion de ce jour serait inutile, si elle se bornait là. Il faut plus ; il faut que notre exemple allume en Angleterre un signal qui volera de montagne en montagne »

Le docteur Pusey n’épargna pas les évêques qui avaient accepté la compétence du conseil privé. « Dieu merci, dit-il, l’église d’Angleterre n’est pas responsable des conséquences de cette funeste détermination. Quant aux évêques qui l’ont sanctionnée, l’église qui les a délégués peut encore leur rappeler qu’ils ont oublié leur devoir. Le clergé refuse son assentiment, mais il faut qu’il le refuse hautement. Accepter un mensonge, c’est le faire. Je crains que nous ne soyons sur la pente d’un précipice. Aujourd’hui on attaque le baptême ; demain ce sera le Saint-Esprit, ou l’éternité des récompenses et des peines. N’oublions pas que le dernier grand combat de l’église sera avec l’incrédulité, et que nous y marchons rapidement. » A la suite de ces meetings, il se forma une grande association pour la défense de l’église contre l’état. Le but de cette association était d’obtenir le rétablissement des synodes de l’église et des garanties pour la nomination d’évêques orthodoxes, de protéger l’église contre des interventions attentatoires à son indépendance, et de faire révoquer les lois qui s’opposent au libre exercice de sa discipline.

Telle était la situation intérieure de l’église anglaise au moment où la lettre apostolique du pape vint éclater sur elle comme un coup de tonnerre ; elle en fut ébranlée jusque dans ses fondemens. On a vu comment les anciennes haines religieuses se sont subitement réveillées dans le cœur de la nation, et par quelles démonstrations ; souvent barbares, elles se sont manifestées. Ces faits ont reçu assez de publicité pour qu’il soit inutile de les rappeler ici, et ce qui nous parait aussi curieux et peut-être plus important à observer, c’est l’émotion produite dans l’église d’Angleterre par un décret qui niait jusqu’à sort existence.