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UN PUBLICISTE
SOUS LA RÉVOLUTION.



Mémoires et Correspondance de Mallet Dupan pour servir à l’histoire de la révolution, recueillis et mis en ordre par A. Sayous, ancien professeur à l’académie de Genève ; 2 vol. in-8o, 1851.

L’histoire de la révolution française est loin d’être entièrement connue ; quelques parties restent plongées dans l’ombre, d’où probablement elles ne sortiront jamais complètement : il y aura toujours une grande obscurité répandue autour de cet événement. Ne nous en plaignons point trop d’ailleurs : au point de vue pittoresque, un air d’éclipse et de crépuscule va bien à la révolution ; cela lui prête des apparences grandioses ; ses horreurs et ses massacres ont besoin d’une atmosphère d’obscurité, ses larves s’y agitent mieux, et ses acteurs y prennent une tournure sublime qu’ils n’auraient peut-être pas au grand jour.

Combien la vérité historique est difficile à découvrir ! Soixante ans nous séparent de 1789, et, malgré les milliers de volumes qui ont été écrits, nous ne connaissons pas encore d’une manière complète l’origine, la suite logique et le développement de cette révolution. Les mémoires des révolutionnaires ne nous apprennent rien ou à peu près rien sur les événemens ; occupés à se justifier eux-mêmes, qui d’une insurrection, qui d’un massacre, qui d’une motion anarchique, ils n’ont pas eu le temps de voir les faits qui se déroulaient à côté d’eux ; tout entiers à leur plaidoyer pro domo suâ, le remords semble les hanter, et aussi la peur et la superstition. Chose remarquable dans ce siècle