sur lui du soin d’emballer les objets achetés^, le payer sans crainte à l’avance, ou lui remettre un billet pour le comprador de M. Foxi (M. Forbes).
Old-China-Street et New-China-Street sont des rues larges, régulières, pavées de grandes dalles de granit et bordées de chaque côté de boutiques à un seul étage : ces rues ne sont guère fréquentées que par les Européens. Aussi, à les voir silencieuses et presque désertes, on ne soupçonnerait point la foule immense qui s’agite à quelques pas de ce quartier paisible, le rapide courant d’hommes et de marchandises qui traverse Physic-Street. Cette longue rue, voie étroite et tortueuse au milieu de laquelle circule sans cesse une multitude affairée, serpente de l’est à l’ouest, entre le terrain des factoreries et les îles confuses du faubourg occidental. C’est dans Physic-Street qu’un luxe ingénieux rassemble les oranges mandarines à la peau flasque et cramoisie, les pamplemousses d’Amoy dont le burin a découpé l’écorce, à côté des poires du Shan-tong et des jujubes du Pe-tche-li; c’est là que de larges cuves contiennent les poissons encore vivans du Chou-kiang, et que les paniers de rotin enferment les chiens fauves destinés à la table des Lucullus de Canton. Là aussi des canards fumés et aplatis, comme si on les avait passés au pressoir, des épaules de chats enfilées en chapelets, des grappes de rats desséchés se montrent appendus à la devanture des boutiques auprès des quartiers de bœuf et de mouton, auprès de ces cochons engraissés comme des poussahs, dont les reins paraissent avoir fléchi sous un coup de bâton et dont le ventre traîne souvent jusqu’à terre. Quel mouvement, quel pêle-mêle dans cette rue, la plus bruyante des rues de Canton! Craignez, si vous vous aventurez sans guide au sein de ce maëlstroom, d’être emporté par la foule au milieu d’un labyrinthe de rues si uniformes, si semblables entre elles avec les enseignes verticales dont chaque boutique est flanquée, que le fil d’Ariane ou la rencontre heureuse de quelque honnête mandarin pourrait seule vous rouvrir le chemin des factoreries.
Jamais une femme chinoise ne se montre à pied dans Physic-Street; jamais le bouton des mandarins n’apparaît au milieu de cette cohue. Les femmes aux petits pieds et les mandarins ont leurs chaises et leurs porteurs, quoique ce ne soient pas les seuls habitans qui usent de cet aristocratique véhicule. Il n’est si pauvre bachelier qui ne monte parfois dans son équipage au siège de bambou et aux stores de rotin : vous verrez alors l’humble sieou-tsai courbé au fond de cette cage étroite, emporté par deux vigoureux coulis, fendre la foule comme un grand seigneur et tout renverser sur son passage. Le droit de malmener ainsi les passans n’est pas à Canton un privilège. Ce droit appartient aux puissans dignitaires que précède le hideux vacarme de leurs bourreaux et de leurs licteurs; il appartient aussi à ces portefaix au torse nu qui