négocians anglais avaient évacué les factoreries pour se retirer à Hong-kong, et tout faisait présumer que l’ouverture des hostilités suivrait de près l’arrivée des renforts attendus. Ces circonstances critiques nous promettaient le spectacle d’importans événemens. et donnaient un singulier caractère d’opportunité au débarquement du nouveau ministre de France à Macao.
La retraite des négocians anglais à Hong-kong coïncidait avec d’autres complications qui n’étaient pas moins graves, et qui devaient aussi se dénouer pendant notre station sur les côtes de Chine. Au moment même où sir John Davis, investi de toute la puissance qui s’attache au nom redouté de l’Angleterre, luttait péniblement contre les embarras de sa situation, un homme qui n’avait d’autres ressources que sa propre énergie, le gouverneur portugais de Macao, venait d’arrêter sur le penchant de sa ruine la colonie mourante dont le commandement lui avait été confié. L’affluence des Anglais dans la ville portugaise pendant la guerre qui les contraignit à s’éloigner de Canton n’avait rendu à cette colonie qu’une prospérité éphémère, dont la source se trouva brusquement tarie le jour où le pavillon de la Grande-Bretagne eut été arboré sur les rivages de Hong-kong. A dater de cette époque, le déficit toujours croissant du budget colonial n’avait cessé de menacer d’un prochain abandon cet établissement, à l’entretien duquel la métropole ne pouvait plus consacrer les fonds nécessaires. Ce fut au milieu de ces circonstances critiques qu’à la fin de l’année 1845, le capitaine de vaisseau Amaral fut nommé par la cour de Lisbonne au gouvernement de la province de Timor, Solor et Macao.
On rencontre souvent chez les peuples qui, après avoir accompli de grandes choses, se sont affaissés sous le poids des vicissitudes politiques, de ces hommes qui, par la noblesse et l’élévation de leur nature, attestent encore la sève du vieux tronc et la vigueur antique du caractère national. À ces hommes, il n’est point donné de se mouvoir sur de vastes théâtres; il leur est à peine accordé d’ennoblir par leur courage et leur persévérance les événemens peu considérables auxquels leur nom se trouve associé. Officier d’une marine qui n’était plus qu’un fantôme, Amaral avait su marquer tous les actes de sa carrière d’un cachet de glorieuse énergie. Pendant la guerre que le Portugal soutint en 1823 contre le Brésil, il avait, à l’âge de dix-huit ans, commandé une des colonnes qui enlevèrent d’assaut l’île d’Itaparica. Ce fut dans cette brillante affaire qu’il eut le bras droit emporté par un boulet de canon. Plus tard, dans la campagne qui mit la couronne sur le front de dona Maria, il servit avec distinction sous les ordres de sir Charles Napier. Au milieu des agitations qui ébranlèrent si souvent les gouvernemens de la Péninsule, son esprit chevaleresque ne méconnut jamais la véritable ligne du devoir. Il resta fidèle à ses