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LA LITTÉRATURE


EN RUSSIE.




LE COMTE W. SOLOUHOUPE.

I. Na son Griadouchtchi (Le Narcotique), 2 vol. in-8o, Saint-Pétersbourg, 1844.
II. Tarantasse (Le Tarantasse), 1 vol. in-4o, Saint-Pétersbourg, 1846.
III. Wtchéra u Cévodnié (Hier et Aujourd’hui), 1 vol. in-8o, Saint-Pétersbourg, 1846.

IV. Sotroudniki (Les Confrères), Saint-Pétersbourg, 1851.




C’est presque une habitude prise que de juger la Russie d’après les relations, pour la plupart superficielles et inexactes, qu’au retour d’un voyage de quelques mois à Saint-Pétersbourg ou à Moscou, chaque touriste se croit en droit de publier. De là des plaintes devenues banales sur le voile dont s’enveloppe la société russe, sur les mille obstacles qui font de l’empire moscovite une sorte de terra incognita, de pays fabuleux et presque inabordable. On s’épargnerait ces déclamations stériles, si, au lieu de chercher la Russie dans les souvenirs plus ou moins fidèles de quelques voyageurs, on se donnait la peine d’apprendre sa langue, d’interroger la littérature russe elle-même et les études de mœurs où elle se complaît de plus en plus. C’est là en effet que s’offrent à nous, dans toute leur vérité, les côtés saillans du caractère national, ces oppositions de sentimens et d’idées, par exemple, qui, perpétuées en Russie avec les divisions des classes, s’y effacent toujours à un moment donné devant l’énergique ascendant du patriotisme. Cette singulière puissance du génie russe, chez qui le sentiment national n’a pu être affaibli par d’innombrables diversités traditionnelles et locales, cette puissance que tant de nations pourraient