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DU


MOUVEMENT INTELLECTUEL


PARMI LES POPULATIONS OUVRIERES.





III.
LES OUVRIERS NORMANDS.[1]




« Ce qui met l’ordre dans l’homme, a dit Massillon, peut seul le mettre dans les états. » Si, en se plaçant au point de vue de cette grande parole, on examine l’état moral et les dispositions politiques des populations ouvrières de l’ancienne Normandie, on reconnaît bientôt que de nombreux élémens d’ordre, en dépit de quelques causes d’agitation superficielles, s’y rencontrent profondément enracinés dans les âmes. L’esprit de désordre, là où il existe, n’est pas inhérent au sol normand; il est dû à des influences extérieures; de lui-même le fond des caractères reste calme, et ce premier trait doit nous aider à mettre sous son vrai jour le mouvement intellectuel parmi les travailleurs de cette contrée.

Il est essentiel en outre de savoir qu’un double courant de sentimens et d’idées s’y manifeste au sein de la population. On y trouve en scène plus nettement que partout ailleurs deux sortes d’existences dont

  1. Voyez, dans la Revue du 1er septembre, les Ouvriers du nord de la France.