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démocratiques de notre armée, jointes à l’impétuosité du caractère français, mieux encore que le sentiment du devoir et de la hiérarchie militaire qu’elle possède d’ailleurs au plus haut degré, en font la première armée du monde. Je crois les Anglais, les Russes, les Allemands fort courageux, leur histoire militaire est là pour le prouver, mais leur courage est celui de l’obéissance et souvent de l’abnégation ; la valeur du soldat français est d’une autre nature, c’est celle d’un homme libre, et j’oserai dire d’un gentilhomme, En veut-on la preuve ? Notre armée est la seule en Europe où les simples soldats se battent en duel, où le fils d’un ouvrier ou d’un laboureur qui deviendra peut-être maréchal de France, du moment où il a endossé l’uniforme, se sent un homme nouveau et relève fièrement la tête. C’est la seule armée en Europe où un simple soldat se croie obligé de mettre le sabre à la main pour une offense légère, et d’affronter la mort plutôt que de souffrir une atteinte portée à son honneur. Ce fait seul démontre péremptoirement la supériorité du militaire français sur tous les autres.

Newport, centre du pays et de ses transactions agricoles, compte à peine quatre ou cinq mille habitans ; mais cette capitale de l’île de Wight est pourvue de nombreux établissemens publics. Je citerai, entre autres, l’Isle of Wight institution, qui réunit un musée, une bibliothèque et un cabinet de lecture ; la Free-Grammar school ; une école des arts et métiers, Mechanic institution ; une école de filles, Free school for girls ; enfin une National school for poor children, école pour les pauvres enfans des deux sexes. On a placé aux environs de la ville une maison de refuge qui peut contenir plus de mille indigens : ce poor house et un pénitencier pour les jeunes détenus qui lui est joint ont eu pour résultat de purger l’ile de Wight des mendians que l’affluence des étrangers n’aurait pas manqué autrement d’y attirer et d’y retenir. Enfin on compte dans la petite ville de Newport deux églises du culte anglican, une catholique, une unitaire, une méthodiste, et deux chapelles indépendantes.

Cette ville tire son véritable intérêt du voisinage de Carisbrooke et du château de ce nom, fondé par Guillaume Fitz-Osborne, l’un des lieutenans de Guillaume-le-Conquérant. Les églises d’Areton, de Whippingham (paroisse actuelle de la reine près d’Osborne), de Newchurch, de Godshill, de Niton et de Freshwater, c’est-à-dire la presque totalité des paroisses de l’île, ont long-temps dépendu du prieuré de Carisbrooke, qui était placé lui-même à cette époque sous la juridiction de l’abbaye de Lire, en Normandie. Près du Alliage de Carisbrooke se trouve le petit bourg de Newton ; brûlé en 1377, lors d’une descente des Français, et rebâti depuis, on l’a pendant long-temps appelé Francheville, sans doute en raison de ce souvenir. Les habitans de l’île de Wight ont eu à essuyer de nombreuses incursions de la part de leurs