Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 12.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avons pris en sérieux examen l’opportunité de modifications en dehors de celles que nous faisons présenter aujourd’hui. Après avoir réfléchi sur les suites peu satisfaisantes que de pareilles tentatives politiques ont eues en ces dernières années chez d’autres nations, sur le vœu de la nation néerlandaise de conserver l’intégrité de ses institutions, sur les vues opposées et sur d’autres conséquences que ces modifications pourraient entraîner, sur l’expérience acquise en ces dernières années qu’avec les principes établis les intérêts généraux des Pays-Bas étaient suffisamment garantis, par toutes ces considérations nous avons cru devoir limiter nos propositions aux seuls changemens réclames par la situation présente des affaires. Toutefois nous serons toujours disposé à faire de tout ce qui pourra être nécessaire au bonheur de la nation l’objet de notre examen. »

Les cinq projets proposaient : une nouvelle division du royaume qu’entraînait la reconnaissance de la Belgique, — des réductions dans le nombre des membres du conseil d’état et des membres des deux chambres, — une modification de l’article de la charte qui réglementait l’inauguration du roi, — et l’abrogation de l’article aux termes duquel les états-généraux devaient alternativement siéger dans une ville des provinces septentrionales ou méridionales. Ces projets furent accueillis par le public avec une défaveur marquée ; qui se communiqua aux états-généraux. Au milieu de la salle ordinairement si calme du Binnenhof[1], il se manifesta une agitation inaccoutumée ; on entendit des paroles passionnées, on formula des propositions qui rappelèrent pendant quelques instans les scènes du jeu de paume. Les chefs de l’opposition, Luzac, Schimmelpenninck, van Dam, van Ysselt, van Rappaert, Corverhooft, présentèrent à la séance du 14 janvier 1840 une motion ainsi : « Qu’il résultait des communications du gouvernement qu’il voulait limiter ses propositions à des modifications secondaires de la loi fondamentale, et laisser à la chambre l’initiative de réformes ultérieures ; qu’en conséquence ils proposaient la nomination d’une commission de dix membres chargée de dresser une liste des questions principales qui formeraient l’objet de la révision de la charte. Aussitôt cette liste votée par la chambre, une nouvelle commission devait rédiger sur ces bases, la charte révisée. » Le mot de constituante fut prononcé : à ce mot, la chambre s’effraya, et les auteurs de la motion se décidèrent à la retirer. Après avoir fait présenter au roi les observations des bureaux sur les réformes proposées, les états généraux s’ajournèrent, afin de laisser au gouvernement le temps de préparer un nouveau projet.

Les embarras du ministère augmentaient toujours. Le général, van

  1. C’est le Westminster néerlandais, où siégent les états généraux.