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LES
CÔTES DE BRETAGNE.


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SAINT-MALO. — CANCALE. — SAINT-CAST. — RENNES. — DINAN.


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Pendent opera interrupta, minæque
Murorum ingentes, æquataque machina cœlo.

Æn., lib. IV.


Le Gronin de Cancale et le cap Fréhel forment, sur la côte septentrionale de la Bretagne, les deux extrémités d’une concavité hérissée de rochers. La distance entre les deux pointes est de trente-six kilomètres. À l’est de l’une s’enfonce la baie du Mont-Saint-Michel, dont nous avons déjà côtoyé le fond ; à l’ouest de l’autre, la baie de Saint-Brieuc. Sur cette courbe s’ouvre, dans le terrain granitique, une longue et étroite fissure, par laquelle les marées remontent à six lieues dans l’intérieur des terres jusqu’à Dinan : elle y reçoit les eaux et le nom de la Rance, naguère humble ruisseau, maintenant canalisée, et les courans alternatifs de ce bras de mer deviennent, à peu de distance de l’entrée, également praticables au matériel de la navigation intérieure et à celui de la navigation maritime. Saint-Malo est assis à l’entrée et à droite de la Rance, sur l’antique rocher d’Aron, dont un saint venu de la Cambrie changea le nom en 536. Ce rocher, que les marées de vive eau enveloppaient encore à la fin du XVIIe siècle, se rattache à la terre par une chaussée naturelle, appelée le Sillon, sur l’arête de laquelle est fondée une puissante digue, servant à la fois de défense au port et de route à la ville. Au sud se dresse, ceinte de terrasses