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SOUVENIRS DE VOYAGE

en

ARMÉNIE ET EN PERSE.




Chiraz et le Golfe Persique.[1]




Notre séjour à Ispahan tirait à sa fin, et nous n’en étions que plus empressés à parcourir l’enceinte comme les environs de cette ville. Une des dernières journées que nous passâmes dans l’ancienne capitale de l’Irâan fut consacrée à Djoulfah, le faubourg arménien où nous étions descendus avec tout le personnel de l’ambassade française. D’intéressans souvenirs recommandaient Djoulfah a notre attention. L’origine de ce faubourg remonte au temps de Châh-Abbas-le-Grand. Ce prince, pour enlever aux Turcs quelques-uns des points d’appui qu’ils trouvaient sur ses frontières, avait entrepris de dépeupler tout le territoire arménien voisin de la Perse. Une ville située sur les bords de l’Araxe et nommée Djoulfah fut sacrifiée à ce système de défense. Les troupes du châh la détruisirent et transportèrent la population sous les murs d’Ispahan, sur les bords du Zendèhroud. Ainsi fut créée, aux portes de la capitale persane, une nouvelle Djoulfah, cité chrétienne, qui prospéra rapidement et vit bientôt sa population s’élever du chiffre de six mille

  1. Voyez les livraisons du 15 mai et du 15 septembre 1851.