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minérale non moins importante y vient d’être faite, grace aux efforts constans de M. van Tuyll et d’autres personnes appliquées à la recherche des trésors métallurgiques. L’île de Billiton sera bientôt, on l’espère, l’émule de Banka pour l’exploitation des mines d’étain : ce métal s’y présente partout dans une quantité incroyable, et promet de nouvelles ressources aux Hollandais. Enfin des avantages plus précieux encore vont être assurés à ces lointaines possessions d’outre-mer par les nouveaux projets dont on a saisi les états-généraux; l’amélioration du système monétaire aux Indes, telle qu’elle est proposée, ne peut manquer de relever tout-à-fait le crédit public. Le florin des Pays-Bas serait donné pour unité monétaire dans les échanges de la colonie comme dans ceux de la métropole; la pièce d’or de dix florins et le ducat hollandais n’auraient plus cours que comme pièces de négoce; les récépissés en papier-monnaie et le vieux billon seraient retirés en trois ans de la circulation indienne, où ils ont créé tant de difficultés. C’est avec cette vigilance minutieuse sur tous les intérêts du trésor que le gouvernement hollandais a résolument refait ses finances, et la presse anglaise, si volontiers sévère pour la Néerlande, constate avec une attention visible tous les progrès qu’elle accomplit dans cette voie.

Il ne laisse pas d’être instructif de comparer à cette situation privilégiée l’état financier du reste de l’Europe. A l’exception de l’Angleterre elle-même, dont on doit dire que les recettes ont augmenté à mesure qu’elle en semblait restreindre les sources, tous les pays européens sont, à l’heure qu’il est, engagés au-delà de leurs moyens. Ils demandent à la fois et à l’impôt et au crédit tout ce qu’ils peuvent rendre, sinon plus qu’ils ne peuvent. La France, la première, n’a régularisé à peu près la position où l’ont jetée les événemens de février qu’au prix des plus coûteux sacrifices : — l’impôt extraordinaire des 45 centimes au lendemain de la révolution, l’emprunt aussitôt que le crédit s’est un peu raffermi, enfin l’accroissement continuel de la dette flottante, cette suprême raison d’une inquiétude malheureusement plus justifiée qu’elle n’est efficace! La Russie a été obligée d’emprunter tout comme la France, quoiqu’elle ait prétendu le faire pour sa convenance plutôt que par nécessité. Malgré les prédications de M. Cobden, qui avait entrepris, comme on s’en souvient, de mettre le tzar au ban des prêteurs européens, l’emprunt russe s’est très bien placé, parce qu’il avait un objet défini, et qu’en somme les immenses ressources de l’empire étaient plus que suffisantes pour garantir la créance. La Sardaigne et le Danemark ont à leur tour invoqué l’assistance des capitalistes pour sortir des embarras où les avait mis la guerre que l’un avait soufferte, et l’autre déclarée. Le pape, rentré dans Rome, n’a pas obtenu sans beaucoup de peine l’argent dont il avait besoin pour racheter le papier de la république mazzinienne et rendre quelques baïoques à la circulation. La Prusse s’est singulièrement obérée en l’honneur de ce caprice belliqueux qui eut si peu de suite, et qui faillit pourtant, à la fin de l’année dernière, bouleverser l’Allemagne. Ses finances sont encore en une meilleure assiette que celles de ses voisins, grâce à l’excellente administration des années précédentes; mais il n’est pas moins vrai que, pour conserver la valeur de son papier, pour maintenir son état militaire et continuer ses travaux publics, elle a maintenant tout-à-fait besoin du crédit. Quant à l’Autriche, sa gêne ne date pas d’hier, et