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Pendant que va se décider encore une fois, par prudence ou par hasard, notre bonne ou notre mauvaise fortune, reprenons ici le courant des affaires étrangères, et suivons un peu ce vaste mouvement qui ne cesse de s’accomplir autour de nous, lors même que nous sommes comme accrochés à une situation fausse. Voyons d’abord ce vivant contraste qui nous attire toujours, voyons, à côté de notre France qui s’use en aventures perpétuelles, cette modeste et courageuse Hollande qui ne désespère jamais d’elle-même et sait si bien employer à temps sa patiente énergie.

La prospérité des finances néerlandaises est la base de cette prospérité générale du pays que nous signalions il y a quelque temps. Le discours du trône annonçait les résultats les plus favorables pour les exercices écoulés et pour l’exercice en train; il réclamait l’intervention des états, afin de prendre au plus tôt des mesures relatives à l’amortissement de la dette nationale. Le budget de 1852, présenté par le ministre des finances, M. van Bosse, a confirmé les déclarations de la couronne. Nous voulons insister sur ce travail important; nous ne craignons pas d’y revenir, quoique la date en soit maintenant un peu ancienne. Nous aimons à nous arrêter sur les détails de l’administration financière d’un peuple dont la sagesse éprouvée peut servir d’exemple à des états qui, malgré leur grandeur, ne sont point aussi heureux, et, il faut bien le dire, n’ont pas non plus mérité de l’être.

D’après le rapport de M. van Bosse, annexé au budget, il ne restait plus à la date du Ier janvier 1850 que 328,000 fl. du déficit de 1848. Les économies réalisées sur l’exercice 1850 ont donné une somme de 632,000 fl., tandis que l’excédant sur les recettes s’est élevé à 3,784,809 fl. L’exercice actuel promet des résultats aussi avantageux. Les revenus de l’état jusqu’au 1er septembre 1851 ont rendu beaucoup plus que les revenus des huit mois correspondans de l’année dernière. Par suite de cette position éminemment rassurante du trésor, on continue à retirer ses billets de la circulation, de manière à ce qu’il n’en reste plus au 1er juillet 1852. En comparant les années 1847 et 1850, le ministre établit que pour 1850 on a dépensé une somme de 3 millions de florins en moins que pour 1847. Nonobstant les dépenses extraordinaires faites en 1849 et 1850, le déficit a entièrement disparu; 1 million de florins a été consacré à l’amortissement, et un solde de plus de 3 millions de florins reste disponible.

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Les dépenses de 1852 sont évaluées à fl. 69,801,930 23
Les recettes, à 71,473,823 13 1/2
Le boni présumable est donc de fl. 1,671,886 90 1/2

Le ministre a de plus informé la chambre que le gouvernement accorderait peut-être à la société du chemin de fer rhénan un subside d’un million pour l’aider, aux termes des conditions faites par le gouvernement prussien, à relier le chemin de fer rhénan-hollandais au réseau des voies ferrées de l’Allemagne.

Parmi les causes auxquelles M. van Bosse croit pouvoir attribuer l’état si remarquable des finances publiques, il compte en première ligne les lois relatives à la navigation et au commerce de transit. Dans les huit premiers mois de 1850, on a donné des lettres de mer à 105 navires, jaugeant 8,667 lasts, et,