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des sculpteurs belges, de reposer ses regards sur un petit groupe de lui, Daphnis et Chloé, haut d’un pied et demi, et qui est plus expressif, plus grand de style dans ses petites proportions, plus riche dans sa simplicité que la plupart des statues et des groupes exposés. Après M. Tuerlinckx, on peut citer, pour la franchise de sa manière et le mâle caractère de ses compositions, un transfuge de l’école belge, qui s’est rallié à l’école française, M. B. Frison, de Tournay. Le Joueur de Boules et le Joueur de Billes ne pêchent guère que par la vulgarité du type, du reste vigoureusement accentué. Il est juste d’accorder une mention honorable à M. Meuldermans pour le Réveil des Fleurs, à M. L. de Cuyper pour le Jeune pêcheur napolitain, à M. Léonard pour les Trésors de l’Onde, à M. van Oemberg, à M. Ducaju, à M. J. Bertin, et aux frères Vanderkerkhove, d’Anvers. Enfin M. Geerts, de Louvain, qui a voué son art à la restauration des chefs-d’œuvre de la sculpture sur bois du moyen-âge, avec laquelle son talent consciencieux et patient dispute d’habileté et de goût, doit voir son nom joint ici à ceux des artistes dont la Belgique s’honore. Ses Portes de l’église Saint-Joseph, formées de huit panneaux, où il a retracé divers traits de la vie de ce saint, sont une heureuse exception à ce que nous avons dit plus haut de l’infériorité des sculpteurs belges dans le bas-relief. M. Geerts ne se borne pas à sculpter le bois dans le goût gothique ou de la renaissance, il ne se renferme pas non plus exclusivement dans le genre religieux : son ciseau, parfois livré à l’art profane, donne au marbre de suaves et d’élégans contours.

Nous ne jetterons qu’un coup d’œil rapide sur les médailles, les gravures, les lithographies, les pastels et les aquarelles exposés dans des salles distinctes des grands salons consacrés à la peinture. L’art du graveur en médailles ne s’est point encore relevé de la décadence où il est tombé dès la fin du dernier siècle, et c’est en vain que dans les plus beaux spécimens dus au burin de MM. Wiener, Jouvenel, Hart, Jehotte et Braemt, on chercherait quelques traces du talent ingénieux, spirituel et fin des graveurs d’autrefois. Warin était de Liège pourtant, tout comme M. Jehotte ; mais il n’a pas eu de successeurs. L’inspiration fait défaut à presque toutes leurs conceptions, et on ne sait trop, dans ces médailles, lequel est le plus à blâmer, de la futilité du motif ou de l’insignifiance de la composition. Il est peu de pays où l’on prodigue la médaille autant qu’en Belgique : on l’y décerne à tout propos, officiellement ou officieusement. Accoutumé qu’on est à la sévérité du bronze antique et aux nobles types qu’il consacre, on ne voit pas sans quelque dédain les têtes grotesques qui, dans le champ de la médaille, remplacent aujourd’hui les grands hommes. Toutefois, aussi bien que ceux de France, les graveurs belges savent leur métier, et, si l’on veut bien ne pas trop se souvenir des anciens chefs-d’œuvre, on accordera