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gouvernement anglais apporte à l’étude et à la préparation des lois, et en même temps la promptitude avec laquelle, malgré la dualité du pouvoir législatif et la formalité des trois lectures, il traduit en actes les réformes dont une enquête sérieuse a démontré la nécessité. Nous devrions, en France, profiter de la leçon. Que de réformes, reconnues utiles, sont soumises aux laborieuses lenteurs de la bureaucratie, et cependant s’arrêtent au seuil du conseil d’état ou de l’enceinte législative! Combien de commissions nommées pour étudier des projets de loi qui avortent! Il suffit parfois que quelques intérêts particuliers se jettent à la traverse pour ajourner indéfiniment les solutions que le gouvernement se disposait à accorder à l’intérêt général. Croit-on qu’en Angleterre les attaques et même les injures des intéressés qui se croyaient lésés par le projet de réforme maritime, croit-on que les déclamations et les menaces aient été épargnées au gouvernement qui proposait cette réforme et aux orateurs qui la soutenaient? Il suffit, pour s’édifier à cet égard, de se reporter à la polémique de la presse anglaise et aux discours prononcés dans les meetings et dans les deux chambres sur une question qui passionnait à juste titre tous les esprits. Les armateurs et les constructeurs ne trouvaient pas de couleurs assez sombres pour peindre l’avenir de la marine anglaise, abandonnée à ses propres forces dans la lutte avec l’étranger. Ils déclaraient à l’avance qu’ils seraient vaincus, ruinés, si l’on persévérait dans les idées de réforme. Ils se liguaient habilement avec le parti tory pour défendre l’ancienne loi, palladium de l’honneur anglais, et pour sauver, en même temps que leurs intérêts, les traditions les plus respectées, disaient-ils, de la vieille Angleterre. Toute cette fantasmagorie d’argumens empruntés au vocabulaire le plus emphatique d’un patriotisme suranné demeura impuissante contre l’intelligence et le sens pratique du peuple anglais : elle n’ébranla pas un seul jour la ferme résolution du gouvernement et des deux chambres, habitués déjà, il faut le dire, depuis le vote des réformes commerciales de sir Robert Peel, aux exagérations, aux imprécations, ou plutôt, car l’expression est plus juste, aux criailleries des protectionistes. Il ne faut pas d’ailleurs se plaindre de cette opposition, quelque vive qu’elle soit; elle ne sert qu’à établir avec plus de force la vérité des faits, et elle tourne au profit des réformes qui sortent victorieuses de pareils débats.

L’acte du 26 juin 1849 se compose de 22 articles, qui, malgré leur longueur, trop conforme aux habitudes de la phraséologie législative en Angleterre, peuvent se résumer en peu de mots : — Désormais, les bâtimens étrangers obtiennent la faculté d’importer dans le Royaume-Uni, non plus seulement pour l’entrepôt, mais encore pour la consommation intérieure, toute espèce de produits. — En ce qui touche les colonies, l’acte de 1840 fait disparaître l’exclusion qui pesait jusqu’alors