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L’ILE DE WIGHT.





I.
LES RÉGATES DE COWES.




De toutes les parties de l’Angleterre, l’île de Wight est peut-être celle où l’on peut, avec le moins de fatigue et de dépense, parcourir les lieux les plus intéressans dans le plus court espace de temps. Je suis venu très souvent dans cette île charmante, si voisine de la France, si bien favorisée par sa situation et son climat, et, chose singulière, je n’y ai jamais rencontré un seul de mes compatriotes. En fait d’étrangers, on n’y voit guère que des Turcs ou des Levantins. On dirait que les touristes de la Grande-Bretagne se la sont réservée pour leur usage exclusif. Il me semble qu’il serait temps enfin de lui rendre justice; l’île de Wight mérite mieux que cette indifférence, et j’espère ici réussir à le prouver. Toutefois je ne veux tromper personne : aussi ne la recommanderai-je pas aux gens très sérieux, qui ne consentent à admirer chez nos voisins que les merveilles de leur industrie: l’île de Wight n’est pas faite pour les économistes, qui ne daignent passer le détroit que pour visiter les docks de Londres ou de Liverpool, les chantiers de Chatam, les fabriques de Birmingham ou les usines de Cornouailles; on n’y trouve pas de grandes manufactures, pas de machines à vapeur, pas même de chemins de fer, et. chose tout aussi digne de remarque, on n’y est nulle part aveuglé par la fumée du charbon de terre, quoique l’île de Wight soit bien incontestablement anglaise, quelle appartienne au comté de Hampshire et ressortisse au diocèse de Winchester. La nature a fait tous les frais de sa parure; elle seule y est intéressante à étudier, et, si les hommes de notre siècle y ont mis la main, ce n’est