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n’ait point suivi chronologiquement les diverses modifications apportées au système électoral, comme il l’a fait, à dater de 1692, pour la vénalité des magistratures urbaines établie et supprimée tour à tour. Les détails qu’il donne à ce sujet suffiraient seuls à montrer qu’en France les modes changent pour la politique avec la même rapidité que pour le costume, et cela depuis le XVIe siècle, car au moyen-âge tout est immobile, et les constitutions reposent sur les mêmes bases que la foi, c’est-à-dire sur l’autorité de la tradition. A dater de la renaissance au contraire, cette autorité tend chaque jour à s’effacer. Jusque-là, les institutions les plus vicieuses elles-mêmes sont respectées par cela seul qu’elles sont anciennes, et depuis c’est parce qu’elles sont anciennes qu’on les attaque, lors même qu’elles sont utiles. Le droit populaire est méconnu par les rois, comme le droit royal par les peuples. D’un côté comme de l’autre, on cherche, on change, on innove, on rétablit ce que l’on vient de renverser pour le rétablir encore, et, de la fin du XVIIe siècle jusqu’à nos jours, notre histoire n’est qu’une suite d’essais politiques et administratifs. Ainsi, en ce qui touche notre ancien régime municipal, nous trouvons : en 1692, l’établissement des offices royaux; en 1717, le système électif; en 1722, les offices royaux; en 1724, le système électif; en 1733, les offices royaux; en 1764, le système électif; en 1771, les offices royaux. Le système électif pur subit lui-même, pendant celle période, les modifications les plus diverses. La classe ouvrière, qui, en 1717, était exclue du droit de voter, volait en 1771 dans la proportion de un à sept.

Nous aurions voulu trouver dans l’estimable travail de M. Fouque un plus grand nombre de détails précis et locaux, et nous rappellerons à l’auteur qu’il faut autant que possible, dans les études de ce genre, se défier des généralités et circonscrire le sujet aux limites d’une province. Nous lui rappellerons aussi que le véritable rôle des écrivains de nos départemens est avant tout de préparer des matériaux pour l’histoire générale, et d’apporter pour cette œuvre leur contingent de textes et de faits, car les grands travaux de synthèse, qui sont comme la centralisation de la science, ne .sont guère possibles qu’à Paris, parce que c’est là seulement qu’on peut trouver les documens nécessaires.


II. — AUVERGNE, BOURBONNAIS, VELAY, FRANCHE-COMTÉ, DAUPHINÉ. — LE MUSÉE ARCHÉOLOGIQUE DE LYON ET l’ACADÉMIE LYONNAISE.

L’Auvergne, le Bourbonnais et le Velay, qui donnèrent, il y a dix ans, le signal et l’exemple en province des études persévérantes et approfondies, et qui élevèrent, pour la première fois, les publications locales au niveau des plus belles publications de Paris, ont fait en peu de temps, par la mort de MM. Achille Allier, Taillant et Gonot, les perles les plus sensibles. Cependant le mouvement ne s’y est point ralenti. La souscription ouverte à Aurillac pour élever une statue à Gerbert (le pape Silvestre II) a fourni à M. Louis Barse l’occasion de traduire pour la première fois les lettres et les discours de ce pontife illustre, en ajoutant à sa traduction de bonnes notes sur le Xe siècle. Les ruines de Gergovie, les souvenirs de Vercingétorix, ont été pour MM. Mathieu, Lecoq et Bouillet l’objet de recherches actives et savantes. On doit encore à M. Bouillet la publication d’un manuscrit inédit sur l’histoire des guerres religieuses dont l’Auvergne fut le théâtre au XVIe et au XVIIe siècle, et sous le titre d’Album auvergnat le recueil des bourrées montagnardes, chansons, noëls et poèmes en