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L’archéologie et l’histoire dans le département de l’Yonne ont pour principale tribune le Bulletin de la Société des Sciences. Cette société, qui s’est tracé un programme très intelligent, a pour mission : 1° de rechercher et de réunir, pour les sauver de la ruine et de l’oubli, les manuscrits, livres, chartes, plans, gravures, médailles et antiques de toute espèce qui peuvent intéresser l’histoire civile, religieuse, politique et artistique du département ; 2° de publier les documens inédits, les travaux originaux qui seraient de nature à éclairer sur quelque point les ténèbres du passé. Le département de l’Yonne étant formé d’une foule de lambeaux provenant de l’archevêché de Sens, des évêchés d’Auxerre, de Langres, d’Autun, du duché de Bourgogne, du comté de Nevers, du comté de Champagne, la Société des Sciences a pris pour point de départ de ses travaux la géographie des anciennes divisions territoriales comparée avec la circonscription administrative actuelle ; cette base est excellente, et nous souhaitons que l’exemple donné par la société de l’Yonne soit suivi par les autres sociétés savantes de notre pays, car c’est là, nous le pensons, le seul moyen d’arriver à dresser avec exactitude la carte de l’ancienne France. Les notions générales, quelque étendues qu’elles soient, ne peuvent jamais, dans un travail de cette nature, remplacer les avantages que donne l’exacte connaissance des localités.

Les membres du clergé qui font partie de la Société des Sciences de l’Yonne semblent avoir pris à cœur de prouver que les traditions du savant abbé Lebeuf ne sont point perdues dans le diocèse. M. l’abbé Duru a entrepris la continuation de la Bibliothèque auxerroise, commencée par l’infatigable chanoine. M. l’abbé Laureau a donné de curieuses recherches sur les monnaies et médailles émises dans les différentes villes de l’Yonne, et dans une Notice historique et religieuse sur le mont Saint-Sulpice, M. l’abbé Cornât a développé sur l’histoire comparée des paroisses et des communes des vues neuves et justes. La monographie des villes de Blaiseau et de Champigneulles, de M. Dey, les divers mémoires de MM. Vachey, Baudouin, Petit, Quantin, révèlent des connaissances étendues, unies à beaucoup de zèle et de méthode.

La Société éduenne, la Société archéologique de Sens, l’académie de Dijon, l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de la Côte-d’Or, la commission des antiquités du même département, la Société d’histoire et d’archéologie de Chalon-sur-Saône, ont donné, comme la Société des Sciences de l’Yonne,

l’exemple d’un zèle vraiment infatigable. Parmi les publications que l’on doit aux membres de ces réunions savantes, nous indiquerons Autun archéologique, par les secrétaires de la Société éduenne ; les fragmens d’une Histoire métallique, de M. de Fontenay ; les études de M. Chavot sur le Mâconnais et la ville de Cluny ; la notice de M. Eugène Millard sur les armoiries de Châlon ; l’itinéraire des voies gallo-romaines de l’Yonne, par M. Victor Petit ; un mémoire de M. Léopold Niepce sur les anciennes enceintes fortifiées dont Châlon fut entouré aux époques celtique, gallo-romaine, franque et féodale ; divers articles de MM. Dorey, Marcel Canat et Diard. Ce dernier, dans un travail sur les Communes de Bourgogne, a voulu démontrer, contrairement à l’opinion généralement reçue, que le clergé et la féodalité, dans la province à laquelle il a consacré ses recherches, n’avaient point été hostiles à l’affranchissement des