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nombreux articles dans le Journal du Cher et des communications adressées au comité des arts et monumens, M. de Girardot a donné des recherches précieuses sur les assemblées provinciales, et en particulier sur celles du Berry de 1778 à 1790, sur les artistes de cette même province et sur les pièces inédites relatives à l’histoire d’Ecosse conservées aux archives du département du Cher. Il s’occupe en ce moment, avec M. Hippolyte Durand, d’une monographie générale de Saint-Étienne de Bourges, et, en attendant que cette œuvre importante soit terminée, il en a extrait une description abrégée, historique et archéologique, dans laquelle il se propose de faire comprendre au public, même à celui qui n’écrit jamais et qui lit rarement, l’un des plus beaux monumens de l’art chrétien. On remarquera surtout, dans la description de M. de Girardot, le passage où l’écrivain signale la lenteur extrême que le moyen-âge mettait à bâtir les édifices religieux, et l’oppose à la promptitude que les démolisseurs de 93 mettaient à les abattre. Commencée au XIIIe siècle, la cathédrale de Bourges ne fut achevée qu’au XVIe, et en 1793 ce qui avait coûté quatre siècles à construire eût été démoli en quelques semaines, si M. Desfougères, ingénieur en chef du département, n’avait démontré dans un rapport qu’il était impossible de trouver dans la ville un emplacement assez vaste pour y déposer les débris de l’ancienne église qu’on s’était promis de mettre en vente. Grâce à cette difficulté imprévue, la cathédrale, sauvée de la destruction, devint successivement le temple de l’Unité et des théophilanthropes, et, par un hasard tout particulier, elle échappa aux assauts du vandalisme. Ses admirables vitraux eux-mêmes ont été conservés et ont fourni à MM. les abbés Martin et Cahier l’une des plus magnifiques publications archéologiques qui aient paru, non-seulement en France, mais en Europe.

Dans la Saintonge, on compte parmi les ouvrages les plus récens l’Histoire politique et religieuse de cette province, par M. Massiou, la Biographie saintongeoise de M. Rainguet, l’Histoire de Rochefort, de MM. Viaud et Fleury, et une brochure de M. Feuilleret, intitulée Taillebourg et saint Louis. M. Anatole de Bremond d’Ars s’occupe à Saintes d’une histoire municipale de cette ville, qui jouissait au XIIe siècle de franchises importantes, et qui, ballottée sans cesse entre la domination de la France et de l’Angleterre, se constitua, sous le rapport militaire et administratif, avec une force qui rappelle les grandes communes du nord. M. l’abbé Lacurie, l’un des travailleurs les plus zélés de cette partie de la France, a commencé la publication d’une carte du pays des Santons à l’époque gallo-romaine[1], travail utile, mais qui demande, pour être conduit à bonne fin, toute la sagacité critique du savant qui l’a entrepris, car au temps de César on distinguait vaguement sous le nom de Santons les peuplades gauloises répandues sur la rive droite de la Garonne, depuis l’Océan jusqu’aux environs de Toulouse, et ce n’est qu’à la fin du IVe siècle que l’empereur

  1. On doit encore à M. l’abbé Lacurie une Dissertation sur l’entrevue de Philippe-le-Bel et de Bertrand de Got, et une Histoire de l’abbaye de Maillezais. C’est M. Lacurie qui a découvert à Saintes, en 1843, le tombeau de saint Eutrope, et qui depuis a fait restaurer la crypte où les restes de ce saint avaient été primitivement déposés.