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POÉSIES.




A UNE JEUNE MARONITE.




O Nassim ! jeune fille au regard indulgent,
Qui portes sur la tête une corne d’argent
D’où pend la longue mousseline.
Parmi les cèdres bruns et les champs de mûriers,
Ta maison, où sont nés tant d’illustres guerriers.
Blanchit au loin sur la colline.

Assise sur le seuil, tu regardes s’ouvrir
Les vallons à tes pieds, et le ruisseau courir
Jusqu’à la plaine qu’il arrose,
Et cette grande mer où dans les lointains bleus
S’endorment sur les flots Chypre aux coteaux vineux
Et Rhodes où naquit la rose.

Nassim ! j’aime tes yeux clairs comme le cristal,
Ton front qui fait pâlir l’albâtre oriental,
Tes lèvres vierges de mensonges,
Ton regard ingénu, ton cœur franc comme l’or,
Et je sens près de toi mon cœur qui bat encor,
Et ta beauté trouble mes songes.

Hélas! si le destin ne m’avait entraîné,
J’aurais voulu rester à ta vie enchaîné;
J’aurais fait prospérer la vigne
Qui revêt la montagne au pied de ta maison.