M. Magimel vient de réunir en un volume les œuvres de M. Ingres[1]. Bien que plusieurs portraits dessinés à la mine de plomb ne fassent pas partie de cette collection, il est pourtant permis de considérer cette publication comme le résumé d’un demi-siècle de travail. Le volume gravé par les soins de M. Magimel nous présente en effet toutes les pensées de M. Ingres de 1801 à 1851. Ces pensées ne sont pas nombreuses, et les esprits vulgaires pourront accuser M. Ingres de stérilité. Je ne partage pas leur opinion, et je n’ai pas besoin de dire pourquoi. Je n’ai pas à rappeler le vieil adage qui s’applique expressément aux œuvres d’art : je ne les compte pas, je les pèse. Les œuvres de M. Ingres sont de telle nature qu’elles commandent le respect. On peut très bien ne pas tes accepter comme des pensées à l’abri de tout reproche ; de quelque manière qu’on les envisage, on est pourtant forcé de les révérer comme l’expression d’une volonté puissante qui n’a jamais rien négligé pour se manifester pleinement. Ces œuvres, complètes ou incomplètes, nous offrent un spectacle qui ne doit pas être dédaigné : c’est la forme la plus exquise trouvée par un esprit éminent pour la révélation de sa fantaisie.
M. Ingres est élève de David. Or, pour tous ceux qui ont étudié l’histoire de la peinture, il est hors de doute que l’élève est supérieur à son maître. David, obligé de réagir contre le faux goût de son temps,
- ↑ Chez Firmin Didot, rue Jacob, 56.