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SOUVENIRS DE VOYAGE

en

ARMÉNIE ET EN PERSE.




TEHERAN ET ISPAHAN.




Depuis un mois, nous cheminions lentement et péniblement au milieu des neiges de l’Arménie. Cette marche laborieuse, dont nous avons raconté les principaux incidens[1], n’avait été interrompue que par de bien rares journées de halte, et, à mesure que nous approchions de la frontière persane, nous sentions redoubler en nous, avec la fatigue du voyage, le désir d’en atteindre bientôt le terme. Enfin nous arrivâmes à la limite des solitudes glacées où, par un froid de 25 degrés, les ouragans venus des ravins du Taurus avaient mis notre patience à de si rudes épreuves. Une troupe de cavaliers nous attendait sur la lisière des deux territoires de la Turquie et de la Perse. Ils étaient détachés par Méhémed-Châh à la rencontre de l’ambassade française, et devaient nous servir à la fois de guides et d’introducteurs sur les terres du souverain de l’Irân[2]. À leur tête marchaient le fils et le neveu du gouverneur du district où nous allions entrer. Nous pressâmes nos chevaux, et nous fûmes bientôt au milieu de l’escorte hospitalière, avec laquelle nous échangeâmes les salamalecs d’usage. Les chefs de la troupe nous invitèrent ensuite à pénétrer plus avant dans les états du châh, leur maître, « où tout, disaient-ils, était à nous. »

  1. Voyez la livraison du 15 mai 1851.
  2. Nom par lequel les Persans désignent leur pays.