des abbayes, des prieurés, des hôpitaux, et la statistique du diocèse actuel, — l’autre une introduction dans laquelle M. Leglay trace un large tableau de l’histoire du catholicisme dans le nord de la France depuis le moment où l’Evangile fut annoncé pour la première fois dans la Belgique, vers la fin du IIIe siècle. Tout ce qui se rattache à ces époques lointaines est exposé par l’auteur avec beaucoup de méthode et de clarté, et un sentiment élevé de la poésie des âges héroïques de la foi chrétienne ; les faits réels sont nettement dégagés de la partie légendaire ; l’histoire de l’église se développe parallèlement à celle de la société civile, et, si nous possédions pour chacune de nos anciennes provinces un résumé aussi substantiel, l’histoire du catholicisme français serait complète dans ses moindres détails. Les qualités qui distinguent le Cameracum Christianum se retrouvent dans le Glossaire topographique de l’ancien Cambresis du même auteur. M. Leglay a joint à ce glossaire un très grand nombre de chartes inédités, et, d’une nomenclature aride, il a su faire un véritable modèle d’érudition. De plus, tout en donnant ses soins à ces curieuses publications, M. Leglay continue l’inventaire des archives des comtes de Flandre, travail énorme qui suffirait seul à assurer au laborieux érudit la reconnaissance des amis de notre histoire nationale.
Le livre de M. Louis de Baecker intitulé les Flamands de France[1] est surtout curieux par le sujet. Il se rapporte à l’une de ces tribus germaniques dont la mission providentielle semble avoir été la rénovation du monde païen ; mais tandis que les Germains, absorbés dès l’origine par la civilisation gallo-romaine, sont depuis long-temps Français par le caractère et par la langue ; les Flamands ont aidé, avec une forte empreinte de germanisme, leur idiome primitif. L’angle du territoire français baigné au nord par l’Océan, à l’ouest par la rivière d’Aa et le canal de Saint-Omer à la Lys, au midi par la Lys, et borné à l’est par la Belgique, représente, sur une superficie de soixante kilomètres de long et de quarante kilomètres de large, la terre classique de l’idiome flamand, le nederduisch. C’est à l’étude de cette langue et de ses monumens littéraires que le travail de M. de Baecker est principalement consacré. L’auteur, après avoir établi que le nederduitsch, malgré la conquête française, n’a point changé depuis deux siècles, s’attache à prouver par plusieurs exemples que cet idiome est bien réellement le vieil idiome tudesque, légèrement modifié, et l’on peut croire en effet, par les textes qu’il cite en les accompagnant d’une traduction en flamand moderne, que si les Francs du VIIIe siècle revenaient en ce monde, ils pourraient, sans trop d’embarras, soutenir une conversation avec les paysans des environs de Dunkerque et d’Hazebrouck. Quatre-vingt-douze communes de France gardent encore, d’après M. de Baecker, le dialecte primitif des peuplades conquérantes qui ont donné leur nom à la nation française, et à cet intérêt national s’ajoute par l’antiquité, dans l’étude de ce dialecte, un grand intérêt philologique.
Après avoir traité la question de linguistique, l’auteur des Flamands de France
- ↑ 1 vol. in-8o, Paris, Victor Didron, 13, rue Hautefeuille. On doit encore à M. de Baecker une Histoire de Berques, des notices archéologiques sur les églises du nord de la France, quelques biographies et des travaux hagiographiques sur quelques saints flamands.