laine, par exemple, on la peigne et on la file à Lille, Roubaix, Tourcoing, Sedan, Amiens, etc. ; on la tisse en étoffes drapées et foulées, fines ou communes, à Sedan, Abbeville, Saint-Omer. etc. en étoffes légères et non foulées à Roubaix, Amiens, Cambrai, Saint-Quentin. Des milliers d’ouvriers se pressent dans les filatures de coton du Nord. Les fils courent ensuite sur d’innombrables métiers et deviennent les jaconas, les nansouks de Saint-Quentin, les tulles du Pas-de-Calais, où se transforment en mille tissus divers mélangés de laine ou de soie. La filature ou le tissage, du lin se pratique sur une grande échelle à Lille, Halluin, Marquette, Armentières, Amiens, Pont-Remy, etc.
Dans le département du Nord, sur une population totale de 1,132,000 ames, les familles ouvrières n’y embrassent pas moins de 500,000 individus. Quelques nombreuses que soient ici les fabriques, tout le travail n’y est pas concentré. Si la filature, les apprêts, la teinture ont lieu dans les établissemens industriels, le tissage au contraire, en laissant de côté quelques usines à moteur mécanique, s’exécute chez le tisserand. À Lille même, les ouvriers sont presque tous attachés à des ateliers plus ou moins considérables. À Roubaix où l’industrie est si active et si puissante, à Tourcoing, à Armentières, à Hallum, les fabricans de tissus donnent de l’ouvrage dans les campagnes environnantes à une nombreuse population. Dans le Pas-de-Calais, l’industrie manufacturière, qui ne saurait être comparée à celle du Nord, compte cependant de vastes établissemens, qui occupent de trois cents à huit cents individus, tels que des filatures de lin et de chanvre à Boulogne, à Rollepont-lez-Frévent, à Saint-Pierre-lez-Calaisetc. Bien que travaillant également en commun, les ouvriers sont beaucoup moins nombreux dans les papeteries, les forges, les usines pour les fontes brutes et moulées et les fonderies de cuivre du même département. — A Calais, à Saint-Pierre-lez-Calais, ils vivent très rapprochés les uns des autres au sein des ateliers de l’industrie tullière, dont l’introduction dans ce pays ne remonte pas au-delà d’une trentaine d’années et occupe un personnel d’environ cinq mille individus. Dans d’autres industries importantes, celles que la fabrication des batistes, des cotonnades, des tissus de laine, les tisserands emportent chez eux les chaînes et les trames après les avoir reçues de la main de contre-maîtres spéciaux à chaque partie, qui sont eux-mêmes les commissionnaires des négocians de Paris, Rouen, Lille, Saint-Quentin, etc. — L’industrie de la Somme offre de frappantes analogies avec celle du Pas-de-Calais. Ici se rencontrent également des filatures où sont agglomérés de deux cents à huit cents ouvriers. Quelques ateliers de tissage en rassemblent aussi plusieurs centaines. Cependant la majorité des tisserands, dont les produits sont d’ailleurs extrêmement divers, ont leurs métiers à leur domicile. Dans l’Aisne, à Saint-Quentin, nous voyons cinq ou six filatures, deux ou trois fabriques de tissus et huit ou