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ROSITA


HISTOIRE PERUVIENNE.




I

L’Andalousie perdrait certainement de sa célébrité et Séville ne serait plus appelée la perle des Espagnes, si les touristes ; affrontant une navigation de quatre mois, étendaient leurs excursions jusqu’au Pérou et visitaient Lima. Sans doute la capitale de la république péruvienne n’est plus cette opulente cité des rois (ciudad de los reyes) où l’or resplendissait de toutes parts ; mais il lui reste deux choses que ne lui ôteront jamais ni les guerres civiles ni les tremblemens de terre : sa position charmante au milieu d’une vaste plaine qui s’allonge depuis la base des Andes jusqu’à l’Océan Pacifique, et la splendeur sans égale de son climat tropical. En dépit des secousses d’un sol capricieux qui, dix fois déjà, ont failli les détruire de fond en comble, ses monumens lézardés sont encore debout ; à l’étranger qui les voit de loin surgir parmi des masses orangers et de citronniers, ils semblent dire : La beauté de ces lieux vaut bien la peine que l’on brave une chance de péril. Comme les principales villes des espagnoles, comme toutes celles où la douceur permanente de la température appelle la population au grand air, Lima a sa plaza mayor, rendez vous habituel des promeneurs. La cathédrale fut long-temps la plus riche du Nouveau Monde ; le palais du gouvernement, édifice informe et non chinois, comme l’attestent des géographes qui ne l’ont pas vus, et le grand hôtel habité par l’archevêque. Deux longues rangées d’arcades complètent cette place. L’une, appelée Portal de Escribanos