d’incertitude, ne se trouvaient point suffisamment édifiés là-dessus, et mettaient en avant un autre système : ils consentaient bien à l’intervention d’une compagnie privée pour le chemin de Lyon à Avignon, et ils lui affectaient, sans trop dire où le prendre, l’indispensable subside des 60 millions, mais, pour le chemin de Paris à Lyon, ils ne voulaient le laisser finir qu’à l’état, et réclamaient dans ce but particulier un nouvel emprunt public de 50 millions.
Nous exposons ici purement et simplement les deux projets contradictoires soutenus par le ministère et par M. Dufaure. Le premier consistait à vendre, mais la question était de ne pas perdre avec les acheteurs ; le second, à emprunter, mais la question était d’avoir des prêteurs et de ne pas s’obérer encore plus que nous le sommes, et nous le sommes assez, témoin le déficit qui ressort du budget de 1852 ; témoin les 570 millions de notre dette flottante, « destinée peut-être, dit M. Passy, à s’élever l’année prochaine à un chiffre qu’elle n’a jamais atteint ! » Le plan ministériel avait contre lui la critique de M. Dufaure, ce qui est sans doute une objection grave ; mais le plan de M. Dufaure avait contre lui l’opposition formelle de M. Passy et de la commission du budget, sérieusement alarmés du surcroît de perturbation dont il menaçait, par son emprunt, l’équilibre déjà si mal réglé de nos finances. Ce n’était plus à la veille de se proroger que l’assemblée pouvait peser et apprécier ces solutions rivales et le conflit, presque aigri par l’animation extraordinaire qu’y portait M. Dufaure, n’eût point facilement abouti à quelque chose de définitif. Le ministère a donc réservés son projet et demandé à l’assemblée de réserver également celui de M. Dufaure, se bornant, à solliciter un crédit de 6 millions pour suivre provisoirement les travaux sur les deux chemins pendant la durée des vacances parlementaires. C’est à cela qu’on s’en est tenu toutes choses restant d’ailleurs en l’état ; mais il n’y en a pas moins un retard funeste pour une entreprise si éminemment nationale, une regrettable parcimonie dans la distribution d’une besogne qui eût immédiatement occupé de nombreux ouvriers. Il est on ne saurait plus fâcheux que l’assemblée n’ait pu prendre sur elle de départager séance tenante le ministre et la commission ; il a été seulement voté que la discussion sur le fond même du projet recommencerait d’urgence aussitôt après le temps de la prorogation écoulé, le 10 novembre.
Une autre circonstance assez intéressante a d’ailleurs encore démontré qu’om était impossible au parlement, dans cette inévitable distraction de ses dernières séances, de terminer quoi que ce soit d’un peu sérieux. On avait presque achevé la troisième lecture de la loi sur les hospices, lorsqu’un incident est venu différer le vote et provoquer un démêlé de principes dont on ne sortira que par une loi spéciale qu’on a renvoyée, bien entendu, à des délibérations ultérieures. Il s’agissait de déterminer la position des aumôniers dans les hôpitaux ; on s’est bientôt aperçu que la difficulté ne se bornait point à ce cas particulier, quelle s’étendait aux positions analogues de tous les ecclésiastiques employés dans les établissemens civils, dans les prisons, dans les collèges par exemple, qu’elle était enfin un morceau de cette grande question du temporel et du spirituel qu’on croit toujours trop vite ou pacifiée ou morte, et qui ne se pacifiera ni ne mourra, de très long temps encore. C’est ce fond toujours brûlant, même sous la cendre, qui a fait pour ainsi dire explosion, lorsque M. Dupin a voulu poser lui-même à, la tribune le point en litige. Le litige avait, il est vrai, été réveillé,