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côtière qui ne peut offrir les mêmes avantages. Le cabotage éprouve le sort des relais de poste. C’est une industrie qui disparaît devant un concurrent d’une supériorité incontestable. Dans tous les cas s’il y avait faute, ce n’est pas les nouvelles lois de navigation qu’il faudrait accuser ici, puisque ces lois n’ont rien innové, répétons-le, en ce qui touche le cabotage.

Quant à la diminution du fret, que les Américains, dit-on, viennent disputer avantageusement aux Anglais dans les ports de la Chine et de l’Inde, on peut sans doute l’attribuer à l’influence de ces lois ; mais il y a à répondre : 1° que la baisse du fret était antérieure à ces lois ; fait attesté par les circulaires du commerce, et que tout au plus peut-on leur reprocher de ne l’avoir pas arrêtée ; 2° que, si la baisse du fret peut être un mal aux yeux des spéculateurs qui se livrent à l’industrie des transports, elle est in bien, et un grand bien, pour tout le reste de la communauté, qui se procure à meilleur marché les matières premières et les denrées de toute espèce ; 3° que, si les armateurs sont obligés de transporter à des prix plus bas, ils ont, d’un autre côté, l’avantage de pouvoir acheter moins cher les matériaux de construction et d’armement. C’est déjà là un commencement de compensation, et cette compensation, le gouvernement anglais peut facilement la compléter en faisant droit aux réclamations des pétitionnaires, en modifiant les conditions imposées pour la composition des équipages, en payant désormais lui-même ses consuls, dont le traitement se prélève en partie aujourd’hui sous forme de taxes, sur les bâtimens. Ces mesures d’importance secondaire, et quelques autres qu’on réclame, peuvent aisément être adoptées, et alors la lutte avec les marines étrangères sera plus facile à la marine britannique.

Le point capital auquel il faut revenir, c’est que, depuis la mise en vigueur du bill qui date déjà de dix-huit mois, la marine anglaise n’a rien perdu, et, qu’au contraire elle a gagné. Remarquez cependant une circonstance bien essentielle : cette marine a lutté dans les conditions les plus défavorables qui pussent se présenter, puisque quatre ou cinq puissances seulement lui ont, jusqu’à présent, accordé une réciprocité plus ou moins sérieuse, puisque toutes les autres ont refusé, directement ou indirectement, toute espèce de concession. J’arrive ici au second point que je me suis proposé de traiter, au côté extérieur de la question, si l’on peut s’exprimer ainsi.


II

Quelles sont les puissances qui ont adhéré au nouveau régime maritimes Il y en a cinq : la Suède, — le Danemark, — la Hollande, — les États-Unis, — le Piémont.