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lui envoiés quelque douceur, il seroit assés à propos, sy toustes fois cela n’est desjà pas fait. »

« Il ne paroist pas à la longueur de nostre conversation que j’aye oublié de vous dire quelque chose. Cependant j’en avois une à vous demander, et une autre à vous charger dont je ne me suis pas souvenue. La première c’est pour sçavoir sy Saint-Agoulin[1] est party, car sy cela n’est pas, il faut adjouter quelque chose à sa mition, et sy cela est, il faut luy escrire et renvoier après luy pour amplifier son instruction sur un point que je vous diray, et c’est là la segonde de ces choses que j’ai oubliées ; et celle dont je vous veux charger, quand je vous verray, je vous diray quelle elle est. »

Je vous envoie une lettre de M. Du Daugnion[2] que vous montrerés à M. de Batteville[3]. Je pense qu’il est assés juste de lui donner les deux vaisseaux qu’il demande, et je croy qu’il n’est pas moins impossible de lui envoier l’argent qu’il souhaitte. Ainsy ne pouvant pas luy donner de satisfaction sur cette dernière chose, il me semble qu’on le doit contenter sur la première. Il faudroit aussi que M. de Batteville parveint à faire embarquer le régiment de Choupes[4], et s’il envoie à M. Du Daugnion les deux vaisseaux, on pourroit le mettre dessus et l’envoier à Brouage par cette voie. »

« Je prie M. Lesnet de faire les choses nécessaires pour l’affaire de M. lecomte de Langeac, parce que j’ay la fiebvre, et ne puis par conséquent m’engager à recevoir de députation de toute la journée. »

Autres billets d’un tout autre genre, toujours écrits à Lenet : familiarité, gaieté, étourderie.

« Comme vous n’estes pas en estat de venir chez moy, et qu’ainsy nous passerons peut-estre quelque temps sans nous voir, je n’ay pas voulu que vous en demeurassiez un plus long avec l’opinion que j’ay quelque chose sur le cœur contre vous. Croiés donc que quand nous nous verrons, nostre acomodement sera aysé à faire, veu la disposition des parties, car je supose que vous n’en avés pas une moins favorable pour moy que j’en ay pour vous. Mandés-moy quand on vous verra. »

« J’oublié hier de vous demander sy vous ne vous atendiés pas de me donner à souper ce soir. Pour moy, je m’y atends, et je vous en advertis. N’oubliés pas non plus de faire sçavoir au prince de Conty à quoy nous engageasmes hier Gratechat et le juge de la bourse. »

« Ce jour icy[5] obligeant tout le monde à donner sy on peut de

  1. Sur Saint-Agoulin, voyez Lenet, t. II, p. 226, etc.
  2. Sur le maréchal du Doignon, mort en 1659, voyez Retz, t. II, p. 83 ; Mme de Motteville, t. IV, p. 178, t. V. p. 89.
  3. Agent de Condé en Espagne. Mme de Motteville, t. V, p. 90 ; Lenet, passim.
  4. De Choupes, blessé à l’attaque de Bordeaux ; Mme de Motteville, t. IV, p. 202.
  5. Papiers de Lenet, t. XXV.