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LE


TOUR DU MONDE


A L'EXPOSITION DE LONDRES.




En vérité, nous avons tort de nous plaindre- : nous ne sommes pas nés dans un siècle aussi ridicule que veulent nous le faire croire certains pessimistes hargneux et atrabilaires. Je ne sais si notre époque manque de grandeur, mais jamais assurément il n’en fut de plus curieuse. Le monde a la fièvre, il se métamorphose ; une ère nouvelle s’ouvre évidemment pour l’Europe, et nous ne contesterions ni les uns ni les autres l’intérêt de cette transformation générale, si nous n’étions à la fois juges et parties dans cette affaire. Mais c’est du rivage qu’il nous plairait de contempler la tempête, c’est de notre croisée que nous voudrions assister, comme M. Proudhon, à la lutte universelle, et nous donnerions une belle prime aux aéronautes, s’ils découvraient la route d’une planète du haut de laquelle nous pourrions en toute sûreté étudier les agitations fécondes de la terre. Ils la trouveront, n’en doutez pas ; que ne trouve-t-on pas aujourd’hui ? Tenez, l’autre semaine, j’étais à l’Hippodrome, et je serrais la main à quelques amis qui allaient par les airs la chercher, cette route, en compagnie de M. Godard. Ils montaient en ballon sans beaucoup plus de crainte que dans la malle-poste, et ils devaient naviguer dans les espaces bleus où l’aigle seul a plané jusqu’à nos jours avec une assurance que nos grand’mères n’ont pas encore dans les chemins de fer. Il était six heures du soir, quand ils disparurent dans l’éther. Je grimpai de mon côté dans