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la bibliothèque de Pergame, dont Antoine lui avait fait présent Ce temple de Sérapis fut détruit, en 391, par Théophile, patriarche de la ville, qui, avait obtenu de Théodose un édit autorisant la destruction de ces monumens du paganisme. Cette fois cependant la lutte fut vive. Les prêtres et les sectateurs de Sérapis, auxquels s’étaient joints quelques philosophes païens, défendirent le Serapeum à main armée. Théophile vainqueur le saccagea de fond en comble. Il paraît néanmoins que la bibliothèque fut épargnée ; elle ne fut détruite qu’en 642 par les Sarrasins, en même temps que la bibliothèque mère.

Le temple découvert récemment par M. Mariette n’avait ni la même célébrité, ni sans doute la même importance que le Sérapéum d’Alexandrie ; il jouissait néanmoins d’une certaine renommée, et Pausanias le mentionne comme étant le plus ancien des temples du dieu Sérapis, tandis que celui d’Athènes était le plus nouveau. Le Sérapéum de Memphis avait en outre un autre titre à la vénération des Égyptiens. Le bœuf Apis était inhumé dans son enceinte, ce qui pourra être pour M. Mariette l’occasion de curieuses découvertes, et le nilomètre destiné à suivre les progrès de l’inondation du Nil y était déposé. Il paraîtrait du reste, par les fouilles opérées jusqu’à ce jour, que ce monument était extrêmement remarquable et orné d’un grand nombre de statues grecques ou égyptiennes, ou participant des deux arts.

Le passage suivant d’un rapport de M. de Rougé, conservateur du Musée égyptien, peut nous donner une idée de la nature des découvertes de M. Mariette. « La religion dans les autres temples de l’Égypte était restée, à l’époque des Ptolémées, purement grecque ou purement égyptienne. Les deux races avaient au contraire adopté simultanément le nouveau type d’Osiris-Apis, devenu Sérapis, ce qui fait que le même temple de Sérapis renferme des monumens dans le style grec et dans le style égyptien. Parmi les morceaux de style grec, on doit signaler, comme des objets hors ligne par leur rareté, les génies divins montés sur des animaux symboliques, qui ne sont en général connus jusqu’ici que par des figures d’une petite dimension on ne saurait trop désirer que l’hémicycle où ces grands génies ont été trouvés soit fouillé en entier, ce qui sans doute permettrait d’en compléter la collection. Les douze statues grecques, autant qu’on peut en juger sur les dessins de M. Mariette, présentent une véritable valeur comme objets d’art, sans toutefois annoncer des chefs-d’œuvre… Quant aux objets d’art appartenant au style égyptien, ils présentent très souvent, à ces dernières époques, le caractère d’un travail lourd et grossier et tous les signes d’une grande décadence : cette portion demandera donc un triage sévère. M. Mariette, homme de goût et de savoir, est parfaitement en état de faire cette distinction. Un choix de douze beaux sphinx, les mieux conservés parmi ceux qui composent la grande avenue explorée par M. Mariette, donnerait certainement une physionomie