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L’administration, après avoir si noblement encouragé les travaux que M. Perret avait menés à heureuse fin, ne pouvait refuser sa sollicitude aux explorations, aux recherches diverses que l’insuffisance des crédits laissait interrompues. M. le ministre de l’intérieur a mis dans l’affaire des musées à compléter la même suite que dans la publication de Rome souterraine. Il a senti qu’il fallait faire cesser ce temps d’arrêt fatal que nos voisins mettaient à profit, et qu’il ne fallait pas laisser exploiter par d’autres cette mine de richesses archéologiques que nous avions découverte. Une circonstance fortuite et des plus heureuses se présentait : M. Léon Faucher s’est empressé de la saisir. Le consulat de Mossul venait d’être rétabli, et M. Place en était nommé titulaire. Le nouveau consul, animé d’un noble zèle, se proposait de suivre l’exemple de son prédécesseur, M. Botta, et de reprendre les fouilles abandonnées : il demandait des instructions et des fonds. Cette demande a été entendue, et les fouilles d’Assyrie pourront être poursuivies comme elles ont été commencées, sous les auspices de la France.


III

Au même moment où l’attention du gouvernement était appelée sur les fouillés d’Assyrie, elle était attirée aussi vers l’Égypte, où M. Mariette attaché au musée du Louvre et alors en mission en Égypte, venait de faire une merveilleuse découverte. Il avait retrouvé à Saqqarah, sur le versant de la chaîne libyque, et au milieu des nécropoles de l’ancienne Memphis, un temple du dieu Sérapis. Ce temple, signalé par Pausanias[1] comme le plus ancien de ceux qui étaient consacrés à cette divinité, et que Strabon nous représente comme envahi de son temps par les sables du désert, qui s’élevaient déjà jusqu’à mi-corps de ses sphinx, était enseveli sous des dunes de trente pieds de hauteur. Il était en conséquence plus intact et devait renfermer plus d’objets précieux que ceux qui depuis tant de siècles sont restés accessibles aux explorateurs. Aussi M. Mariette réclamait-il avec une insistance que l’on comprend l’aide de l’état pour en achever le déblaiement. L’importance de cette opération fut tout de suite reconnue. Le ministre de l’intérieur fit appeler M. de Longperier, le savant conservateur du Musée des antiques, et M. de Rougé, conservateur du Musée égyptien ; il consulta M. de Saulcy, l’érudit et courageux explorateur des bords de la Mer Morte, et il s’entoura ainsi de renseignemens qu’il transmit à l’Institut, réclamant son avis tant sur l’affaire des fouilles à exécuter en Assyrie que sur le déblaiement du Sérapéum à Memphis. Cet avis ne se fit pas attendre. L’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres s’était déjà, et à

  1. Pausanias, t. Ier, chap. XVIII, p. 116.