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cunéiforme. Les sculptures de Biz-i-toun représentent le roi de Perse recevant des captifs enchaînés les mains derrière le dos et attachés par le cou ; le monarque a le pied posé sur le cou du premier captif ; elles paraissent avoir une grande analogie avec les bas-reliefs de Koyouadjek et de Ninive. De Biz-i-toun, les voyageurs anglais avaient gagné Hamadan par Takt-i-chyrin, Essad-a-bad, en traversant les passes de l’Elvend. Leur projet était de se rendre d’Hamadan à Ispahan, d’Ispahan à Chiraz, Persépolis et Shapoor, et de retourner à Chouster dans la Susiane par Balikan et les plaines de Ramhormuz. Ils comptaient enfin s’établir au milieu des ruines de l’ancienne Suse et y faire des fouilles aussitôt que la saison le permettrait. Ils sont très probablement à l’œuvre au moment où nous écrivons.

Cette suite dans les recherches explique comment les collections assyriennes du Musée britannique, commencées long-temps après celles du musée du Louvre, ont acquis en un petit nombre d’années une tout autre importance. Aujourd’hui, il n’est que trop vrai, le Musée britannique possède des spécimens de l’art assyrien, sinon plus précieux, du moins infiniment plus nombreux que le musée du Louvre, et ces monumens appartiennent à des époques différentes. Chaque jour, grace à la persévérante activité des courageux explorateurs que nous venons de voir à l’œuvre, cette collection s’accroît dans de rapides proportions et tend à se compléter. Outre les bas-reliefs, les colosses et les sculptures de tout genre, si précieux pour l’histoire de l’art et la connaissance des religions, elle s’est enrichie d’une foule d’objets d’un ordre secondaire, armes, armures, vases, ustensiles, coffrets d’ivoire, bijoux, sceaux, cylindres, contrats imprimés en lettres cunéiformes. Ces objets, la plupart de petite dimension, n’en offrent pas pour cela moins d’intérêt et apportent de véritables lumières sur l’état social et la civilisation des habitans des grandes villes du Tigre et de l’Euphrate. Ils nous initient à leurs mœurs, à leurs usages, et nous permettent de refaire autrement qu’à l’aide d’hypothèses et de conjectures le tableau de leur intérieur et de leur vie privée. Or, il faut bien l’avouer, le musée assyrien du Louvre ne possède presque rien en ce genre. Depuis le classement des magnifiques sculptures et des bas-reliefs recueillis par M. Botta, cette collection ne s’est accrue que d’un petit nombre de fragmens et de pierres gravées reproduisant en petit les sujets des bas-reliefs. Cet accroissement n’a lieu qu’au moyen d’acquisitions opérées à Paris quand une occasion se présente. Les occasions sont rares, et elles seraient plus fréquentes, que le crédit si restreint des musées nationaux ne permettrait pas de les saisir et d’en profiter. Le crédit consacré à l’accroissement de ces grands dépôts n’est, on le sait, que de 50,000 francs, 50,000 francs pour la peinture, la sculpture et les objets d’antiquité, pour tout enfin !