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ne servent quelquefois à autre chose qu’à indiquer le nombre des figures et à faire connaître les costumes ecclésiastiques. La comparaison que j’en ai faite sur les lieux mêmes avec les monumens originaux m’ayant convaincu qu’ils ne pouvaient servir à établir avec la précision convenable le style de chaque âge, je me suis décidé à faire dessiner de nouveau tous les sujets propres à entrer dans mon plan parmi ceux qui avaient été déjà publiés. J’y ai joint les peintures et les sculptures découvertes depuis la publication des ouvrages de Boldetti et de Bottari, qui n’avaient pas encore été dessinés, et notamment celles qui ont été trouvées sous mes yeux depuis l’an 1780, me flattant qu’indépendamment de l’usage que j’en voulais faire, les personnes qui cultivent la science des antiquités ecclésiastiques seraient bien aises de les connaître[1]. »

Il y a certainement une différence très sensible entre les dessins de Séroux d’Agincourt et les dessins de ses devanciers, mais la plupart de ces reproductions se sentent toujours du goût de l’époque et sont encore exécutées dans des proportions trop réduites. Nous trouvons, il est vrai, une intention de fac-simile dans quelques têtes données, dans les dimensions des originaux ; mais le dessinateur n’a pas voulu ou plutôt n’a pas pu obéir à la volonté qui le dirigeait. Ces mêmes défauts que M. Vitet reproche aux planches de Bosio et de Bottaci se retrouvent dans les dessins de Séroux d’Agincourt, comme on les rencontre, du reste, dans la plupart des planches de son grand ouvrage, et cela par une excellente raison, parce qu’à cette époque les dessinateurs n’étaient rien moins que guéris de cette maladie de l’à peu près signalée dans l’éloquent rapport que nous avons déjà cité. Le sont-ils bien aujourd’hui ? Nous n’oserions l’assurer. Il y a certainement plus de rigueur et moins d’une certaine convention dans les dessins qui ornent les grandes publications contemporaines. Nous craignons cependant quelquefois qu’on ne tende à remplacer une manière par une autre, qu’on ne recherche et qu’on ne s’impose un parti pris de simplicité trop absolue. C’est sur cette tendance que devra surtout porter la sollicitude de la commission qui sera chargée de surveiller la publication de l’œuvre de M. Perret. Elle tiendra à ce que ses dessins soient reproduits identiquement, s’il se peut, et que le graveur ne sacrifie pas plus à la naïveté puérile et à la gaucherie affectée qu’au style, à l’effet, à la tournure.

Quoi qu’il en soit, les immenses progrès faits, depuis Séroux d’Agincourt, à ce point de vue de la réalité dans les arts du dessin, ont grandement profité à M. Perret, qui a obtenu les résultats que son devancier n’avait fait que pressentir et entrevoir. Nous conviendrons, pour être juste, que M. Perret a eu l’avantage de pouvoir consacrer à cette

  1. Voyez Séroux d’Agincourt, t. I, p. 22.