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LES ARTS


EN 1851.




LA ROME SOUTERRAINE. - L'EXPEDITION DE MESOPOTAMIE. - LE SERAPEUM.




Si la littérature est l’expression de la société, les arts sont le dernier mot de la civilisation et l’indice le plus certain de la vitalité d’un peuple. Aussi, à la veille d’une crise redoutée, quand l’avenir est enveloppé d’une obscurité fatale, quand les cœurs les plus résolus sont troublés et craignent de voir périr dans un commun naufrage la société et la civilisation, il est doux d’avoir à signaler dans le monde des arts un mouvement inespéré. Ce symptôme suffirait presque pour nous assurer sur l’existence de cette société qu’on croit défaillante. Il indique chez elle comme une sorte de certitude de l’avenir, comme un redoublement de vitalité suprême du plus favorable augure. Ce n’est pas quand l’arbre va périr que la sève monte avec tant d’ardeur.

Ce goût des arts, qui tend chaque jour à se généraliser, sera un des caractères les plus frappans de notre époque. Jamais peut-être leur action n’a été plus marquée, leur influence plus étendue ; jamais ceux qui les cultivent n’ont été plus nombreux, plus zélés, plus habiles ; Jamais leurs efforts n’ont été plus suivis et n’ont obtenu un succès plus réel. Il faudrait remonter jusqu’aux jours les plus prospères du dernier règne pour assister à un mouvement aussi énergique. Les artistes ont eu foi dans la protection éclairée que de nobles et encourageantes paroles leur avaient fait entrevoir lors de la clôture du dernier salon. Chacun deux s’est remis à l’œuvre avec une nouvelle