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de leur autorité dans la personne d’un des chefs puissans des nomades auquel ils conféraient la dignité de cheik-el-arab : ce chef avait droit de commandement sur les oasis, mais il était responsable de la tranquillité du pays. Ce fut d’abord Ferhat-ben-Tadjin, de la famille de Bou-Akkas, qui eut pour successeur un parent du dernier bey de Constantine, Bou-Aziz-ben-Ganah. Bou-Aziz garde encore aujourd’hui les mêmes fonctions sous la domination française. C’est lui que l’on désigne sous le nom de Grand Serpent du Désert. Ce fut, dit-on, au sujet de cette nomination, mais sous le prétexte toujours commode d’une question d’impôt, qu’une révolte partielle éclata en 1833. Le bey de Constantine, Ahmed, fut obligé de se rendre de sa personne dans les oasis à la tête d’une colonne de trois à quatre mille hommes, il fit rentrer facilement dans l’ordre la plupart des révoltés ; Zaatcha seule résista. L’armée du bey campa à l’endroit même où était établi le camp français en 1849. La défense de Zaatcha fut si habile et si vigoureuse, qu’après un combat qui dura toute une journée, le bey dut se retirer en toute hâte vers Biskara, laissant un grand nombre des siens frappés dans les jardins de l’oasis, et deux pièces de canon, qui ont été rapportées depuis à Biskara par nos troupes. Ainsi, déjà à cette époque, Zaatcha s’était acquis un certain prestige aux yeux des populations des Ziban, et tout était préparé pour que ce prestige pût encore s’accroître.

Abd-el-Kader, qui, dès l’année 1838, avait cherché à étendre son action sur les Ziban, voulut plus tard les attacher davantage à sa politique ; il leur donna pour chef, en 1844, Bel-Adj, de Sidi-Okba, personnage très riche et très influent ; mais les gens du zab Daharaoui n’ayant pas voulu le reconnaître, et lui ayant refusé l’impôt, Abd-el-Kader leur envoya des troupes et un de ses lieutenans, Si-Ahmed-Ben-Amar, qui vint avec deux mille réguliers, trois mille hommes de goum et quatre pièces : de canon, mettre le siège devant Zaatcba La résistance fut énergique ; les assiégés battirent en retraite, après des pertes considérables. Bou-Aziz-ben-Ganah ; qui, dès 1839, avait été investi par les Français de l’autorité dans les Ziban, arriva bientôt du Tell, avec les nomades du désert, pour presser la retraite du lieutenant d’Abd-el-Kader et assiéger Bel-Adj dans l’oasis de Sidi-Okba, où il, s’était retiré.

C’est peu de temps après ces événemens que M. le duc d’Aumale arriva pour la première fois à Biskara au printemps de 1845. Ben-Ganah, ne pouvant venir à bout de Sidi-Okba, s’était rendu à Constantine pour réclamer le secours du jeune prince. Bel-Adj, voyant à quels hommes il avait affaire, se retira du côté du désert de Tunis, à Souf, d’où il n’a jamais cessé de nous susciter des embarras. M. le duc d’Aumale, qui ne pouvait mieux faire que de continuer la politique des