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des choses, cette commode excuse des faiblesses humaines : jamais la liberté et le courage des gens de bien n’auront été plus solennellement mis en demeure.

Envisageons une fois de plus, après bien d’autres, dans leur véritable caractère, les complications que la constitution de 1848 a préparées, avec un soin tout particulier, pour la nation qu’elle voulait former à l’amour des institutions nouvelles.

Le gouvernement actuel se compose de deux pouvoirs : l’assemblée nationale et le président de la république.

L’article 31 de la constitution règle ainsi la durée de l’assemblée nationale :

« L’assemblée nationale est élue pour trois ans et se renouvelle intégralement. Quarante-cinq jours au plus tard avant la fin de la législature, une loi détermine l’époque des nouvelles élections.

« Si aucune loi n’est intervenue dans le délai fixé par le paragraphe précédent, les électeurs se réunissent de plein droit le trentième jour qui précède la fin de la législature. »

L’assemblée nationale ayant pris séance le 28 mai 1849, c’est le 28 mai 1852 qu’arrive le terme constitutionnel de son mandat. Le 13 avril au plus tard, une loi doit intervenir pour fixer l’époque des nouvelles élections. Ces élections nouvelles doivent avoir lieu, au plus tard aussi, le 29 du même mois.

Poursuivons. Les articles 45 et 46 de la constitution sont ainsi conçus :

« Le président de la république est élu pour quatre ans, et n’est rééligible qu’après un intervalle de quatre années.

« L’élection a lieu de plein droit le deuxième dimanche de mai.

« Dans le cas où, par suite de décès, de démission ou de toute autre cause, le président serait élu à une autre époque, ses pouvoirs expireront le deuxième dimanche du mois de mai de la quatrième année qui suivra son élection. »

Précisons les dates ; elles sont importantes.

Le président actuel de la république a été élu le 10 décembre 1848 ; il entre dans la quatrième année de ses pouvoirs le 10 décembre 1851 : c’est donc le second dimanche de mai 1852, ou bien encore le 10 mai 1852, que l’élection d’un nouveau président de la république devra avoir lieu, aux termes de la constitution.

Il suit de ces articles combinés qu’entre le 1er avril et le 15 mai de l’année prochaine, la France aura à procéder à un branle-bas électoral de telle nature, que tous les exercices qu’elle a faits en ce genre depuis quatre ans, et Dieu sait pourtant la fatigue qu’elle en a éprouvée ! ne lui paraîtront qu’un apprentissage et un jeu d’enfans. En six semaines, elle aura à élire sept cent cinquante représentans et un président de