Plutôt, belle Nola, sans autre malin tour.
Fiez-vous à Primel, croyez à son amour.
Du noble journalier amie et confidente,
Je sais comme en son cœur luit votre image ardente,
Hélas ! et que ses yeux maintes fois ont pleuré
En voyant le chemin qui mène vers Corré. »
Debout, le mendiant attendait sous la porte
— « Mon brave homme, partez ! Le jour baisse, n’importe.
Marchez toute la nuit, marchez encor demain.
Votre sac est rempli, ne tendez pas la main,
Cette lettre par vous fidèlement remise,
C’est un mois de bonheur pour votre tête grise.
Puis, mon service fait en ce lointain pays,
Quand moi-même j’aurai regagné nos taillis,
Venez ! Sans peur du chien, heurtez à ma demeure :
Chez moi, vous trouverez chaque jour, à toute heure
(Et j’engage en mon nom la maîtresse du lieu),
Votre pain sur la table et votre place au feu ! »
Ô Flammik, malin clerc où l’esprit seul foisonne,
Vous avez contre vous lancé la mouche à miel !
Cette douce ouvrière a cependant son fiel :
Vous chansonniez Primel, et Primel vous chansonne. —
« Voici monsieur Flammik avec son air matois ;
Il n’est plus paysan et n’est pas un bourgeois.
Sous ses habits nouveaux méprisant ses aïeux,
Au tondeur aux moutons il vendit ses cheveux.
Il revient de l’école, écoutez son jargon :
Ce n’est pas du français, ce n’est plus du breton.
Attablé le dimanche aux cabarets voisins,
Il se moque du diable, il se moque des saints.
Tel est monsieur Flammik, fils d’un bon campagnard ;
Notre agneau blanc se change en un petit renard.
Voici monsieur Flammik avec son air matois,
Il n’est plus paysan et n’est pas un bourgeois. »