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conduire. Toute mauvaise conduite est sûre d’une punition, proportionnée à sa faute. L’empire avait abusé de la force et de la guerre ; il est tombé par la guerre et par la force. La restauration, qui avait donné la charte, après s’être long-temps soutenue par elle, s’est perdue en la violant. Elle avait beaucoup abusé de l’article qui admettait encore une religion d’état, et elle osa s’armer de l’article 14 pour revendiquer le pouvoir absolu du roi ; aussi la révolution de 1830 abolit-elle l’article 14, ainsi que la religion d’état, et elle crut par là avoir mis un terme au gouvernement personnel. Les caractères de la révolution de février étaient écrits d’avance en quelque sorte dans ceux des dernières années de la monarchie de juillet.

1° Cette monarchie, démentant de plus en plus son origine par sa conduite, était revenue au gouvernement personnel. Pour en finir avec ce gouvernement, la révolution de février a proclamé la république.

2° La monarchie voulait maintenir à la chambre des députés une multitude de fonctionnaires, même de l’ordre inférieur. L’opposition proposait d’exclure un certain nombre de fonctionnaires chez lesquels l’indépendance était ou impossible ou dangereuse : la république, répondant à un excès par l’excès contraire, a repoussé de la chambre tout fonctionnaire.

3° La monarchie avait refusé, après seize années de progrès en tout genre, d’augmenter le nombre des électeurs ; nous proposions, nous, de l’augmenter raisonnablement et successivement : la république a décrété le suffrage universel.

4° Sous la monarchie, le pays légal s’était montré exclusif, et la bourgeoisie, heureuse d’être admise à la cour, avait trop oublié les principes de la révolution une réaction grossière a donné à la république

5°.L’apparition du socialisme a aussi sa raison. On ne s’était point assez occupé du peuple, de sa misère, qui est immense, de ses lices, qui viennent souvent de sa misère, qui l’augmentent et la perpétuent Quand l’Angleterre, quand la Belgique s’épuisaient à résoudre ou du moins agitaient avec un intérêt ardent les importons problèmes que soulève de toutes parts la situation morale et matérielle des classes inférieures, le gouvernement français voyait éclore toute une littérature socialiste, qui nous révélait d’horribles douleurs et par conséquent les plus grands dangers, et il se croisait les bras, laissait dire et ne faisait rien. La révolution de février s’est chargée de punir cette coupable indifférence par des extravagances plus coupables encore elle a manqué de mettre dans la constitution le droit à l’assistance et le droit au travail, et nous avons vu le moment où l’on proclamerait le droit de tous à la même éducation. Ces folies mêmes méritent