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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 avril 1851.

Le cabinet transitoire qui gérait l’intérim depuis tantôt deux mois s’est retiré devant le cabinet définitif. Ce cabinet comprend pour une notable partie les membres de l’ancien gouvernement, de celui que la chambre a renversé le 18 janvier ; nous disons tout de suite son plus gros, mais son plus inévitable péché. Il se rattache par M. Léon faucher, par M. Buffet, aux souvenirs du premier ministère de la présidence ; il est enfin complété avec des hommes universellement estimés, qui, tirés des différentes fractions de la majorité parlementaire, ne tiennent chacun à la leur, ce dont il est bon de prendre note, que par les extrémités, les plus conciliantes, M. de Crouseilhes et M. de Chasseloup-Laubat. Le général Randon et M. Magne restent chargés des portefeuilles qui leur avaient été confiés avant le 10 avril. Tel est, dans la diversité de ses élémens, le nouveau conseil que le chef du pouvoir exécutif vient d’appeler auprès de sa personne.

Que ces choix n’excitent pas un enthousiasme de reconnaissance et d’adhésion, rien de plus simple ; nous voudrions seulement savoir quels seraient ceux à qui l’on eût décerné un accueil triomphal. Que ces choix aient été reçus avec des mécontentemens si affectés, voilà ce que nous n’expliquons pas bien. On a quelquefois chez nous une singulière façon d’apprécier les choses ; si fort éprouvé qu’on soit, on ne peut se persuader assez qu’on vit en un temps d’épreuves indéfinies ; on raisonne tout à son aise de ce qui serait pour le mieux dans le meilleur des mondes, sans trop penser que l’on n’est pas bien sûr de n’être point dans le pire. En bonne conscience, avait-on le droit d’attendre que, de cette pénible dislocation de tous les pouvoirs dont nous subissons le spectacle depuis plus de six mois, il naquît aujourd’hui quelque pouvoir nou-