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les magasins étant vides. Aujourd’hui, les magasins commencent à s’encombrer ; pour entretenir la main-d’œuvre sans interruption, des commandes directes seraient donc nécessaires : il faudrait qu’une activité nouvelle, imprimée à l’exportation de nos marchandises, vînt compenser la langueur du marché national. En 1848, l’état dépensa 150 millions en travaux extraordinaires, sans parler de la dépense complètement stérile et dégradante des ateliers nationaux ; en même temps, les compagnies de chemin de fer, poursuivant leurs entreprises, occupaient un grand nombre d’ouvrier. Aujourd’hui, la dépense de l’état en terrassemens et en ouvrages d’art est réduite de moitié ; presque toutes les compagnies ont terminé ou sont à la veille de terminer leurs travaux ; il faut donc susciter de nouvelles et grandes opérations, si l’on veut offrir à l’activité inquiète des esprits et aux bras sans emploi un large exutoire.

Déjà le travail se ralentit dans les fabriques, le bas prix des denrées n’encourage pas les propriétaires fonciers à se jeter dans les dépenses d’amélioration que réclame la culture du sol. La production et par suite la consommation commencent à languir. Il appartient aux pouvoirs publics d’apporter un remède prompt et sûr à cet état e choses. N’attendons pas que les ateliers se ferment et que les multitudes affamées nous demandent du pain. Que la fermeté du gouvernement et la sagesse de l’assemblée rendent la confiance au pays. Appelons, en concédant les lignes de Lyon et d’Avignon, au secours de nos capitaux hésitans ou alarmés les capitaux entreprenans qui surabondent en Angleterre. Ce qui n’était qu’une question de bonne politique devient désormais une question de salut public. Créons du travail à tout prix ; ce sera, quoi qu’il puisse arriver, rendre la confiance aux intérêts et donner la sécurité à tout le monde.


LÉON FAUCHER.

Paris, 9 avril 1851.