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parti élève contre un système de gouvernement dont l’assemblée constituante jeta les fondemens en 1790, et qui reçut, au commencement du siècle, sa forme définitive de la main puissante du premier consul.

Je ne présente pas, il s’en faut, un budget de 1,500 millions[1], l’ordinaire, l’extraordinaire et le supplémentaire compris, comme l’état définitif et comme le type de nos finances ; mais, si l’on ne veut pas désorganiser les services administratifs, je ne vois d’économie possible dans les dépenses que par la diminution des forces militaires et des travaux extraordinaires entrepris par l’état.

On sait déjà qu’il y a lieu, non de réduire l’effectif, mais plutôt d’ajouter sur ce point aux évaluations du budget, pour maintenir à l’extérieur de la France une armée qui, en fournissant 70,000 hommes à l’Algérie, 10,000 hommes à l’occupation de Rome, et 20,000 hommes à la gendarmerie, présente, encore, déduction faite du sixième pour les incomplets, 250,000 hommes sous les armes. N’oublions pas qu’en 1852, comme en 1851, ces 250,000 soldats, avec l’admirable discipline et avec le patriotisme qui règnent dans leurs rangs, deviendront le boulevard de l’ordre, comme ils sont déjà l’espoir et l’orgueil du pays.

L’exécution des travaux publics, ralentie en 1851, parait destinée à recevoir de l’état, en 1852, une impulsion plus féconde. Les dépenses sont accrues beaucoup au-delà de ce qu’indiquent les chiffres globaux. Dans le service ordinaire, 7 millions figuraient au crédit de l’exercice 1851, pour représenter les frais des chemins de fer exploités par l’état. Cette somme se trouve retranchée du budget de 1852, les lignes de Lyon et de l’Ouest devant être concédées à des compagnies financières. En revanche, l’on augmente de 1 million le fonds de grosse réparation des routes nationales. Les réparations qu’exigent les palais et bâtimens publics entraînent une augmentation de crédit de 700, 000 fr. il s’agit du Louvre, de l’Élysée, de la Sainte-Chapelle, du bâtiment des affaires étrangères et de l’aqueduc qui porte les eaux de la Seine à Versailles. Dans l’abandon où sont aujourd’hui les travaux de construction à l’intérieur des villes, et principalement dans la capitale, cette allocation supplémentaire ne peut pas recevoir un meilleur emploi.

Le budget extraordinaire des travaux publics ne comporte en apparence qu’un excédant de 7 millions sur celui de 1851 ; mais celui-ci renfermait une allocation de 13 millions pour les travaux du chemin de fer de Lyon entre Dijon et Tonnerre, qui disparaît complètement dans la nomenclature des lignes exécutées par l’état pour le prochain exercice. C’est donc au profit des ouvrages qui se continuent un accroissement

  1. Les dépenses de la France ont été en 1848 de 1,765 millions, en 1849 de 1,662 millions, en 1850 de 1,515 millions ; pour l’année 1851, elles s’élèvent jusqu’à présent à 1,455 millions.