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en faisant monter ses fantassins en croupe derrière ses réguliers. Ce défilé était donc déjà occupé par les Arabes, qui se précipitèrent sur le convoi, pendant que l’arrière-garde était poussée dans les marais de droite. La confusion et le désordre se mirent dans nos rangs ; la voix de chefs fut méconnue : sans le sang-froid de quelques artilleurs et deux ou trois charges héroïques, la colonne tout entière serait restée dans ce fatal défilé. Eh bien ! le désastre de la Macta contribua plus que n’aurait fait une victoire à nous retenir dans la province d’Oran. Abd-el-Kader devint si arrogant après sa victoire, qu’il écrivit au général en chef, Drouet d’Erlon : « Espérant que la paix n’est point rompue entre nous, je m’engage à aller vous débarrasser des incursions des Hadjoutes dans la Mitidja, puisque vous ne pouvez vous en délivrer vous-même. » Et en effet l’émir s’était fait reconnaître comme souverain à Milianah et à Médéah, et il envoya un hakem jusqu’à Blidah pour y gouverner en son nom.

Pour réparer l’échec de la Macta, il fallut expédier des renforts de France dans la province d’Oran. Une grande expédition fut décidée pour aller châtier Abd-el-Kader à Mascara, siège de sa puissance, et délivrer les Coulouglis bloqués par lui dans la citadelle de Tlemcen. Depuis trois ans, ces fidèles auxiliaires imploraient vainement notre appui ou du moins notre présence. Le maréchal Clausel, qui revenait pour la seconde fois en Afrique comme gouverneur général, dirigea lui-même l’expédition. Cette campagne, finit comme toutes les autres, par l’abandon presque immédiat de la contrée envahie. Après cette longue promenade militaire, le maréchal Clausel s’en retourna à Alger, et crut la guerre finie. Les chambres, qui ne demandaient pas mieux que de prendre le maréchal au mot, exigèrent une réduction notable dans l’armée d’Afrique. À peine cette réduction était-elle opérée que la nécessité d’une expédition à Constantine frappa l’esprit du gouverneur général ; mais les troupes dont il aurait eu besoin pour mener à bien cette expédition étaient retournées en France, sur l’avis qu’il avait donné lui-même. L’exécution de son projet dut être ajournée.

Le corps d’expédition d’Oran venait d’être retiré, quand le général d Arlanges, laissé dans la province d’Oran avec des forces insuffisantes, fut inquiété de tous côtés par les tribus hostiles, et subit un échec assez grave sur la Tafna Il fallut faire partir de France, pour dégager ces forces compromises, une nouvelle expédition commandée par le général Bugeaud, qui paraissait pour la première fois en Afrique. C’était donc au général Bugeaud qu’était confiée la mission de réparer le désastre de la Macta et l’échec plus récent de la Tafna Il savait d’avance que, s’il se mettait à la poursuite des Arabes, il ne pourrait les atteindre, que les vivres s’épuiseraient bien vite, et que le seul, moyen d’engager les Arabes dans un combat sérieux, c’était d’avoir l’air de