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douée d’une autorité plus forte et plus libre dans son action. En accordant un parlement électif, elle laissait aux habitans une part assez large dans le maniement des affaires publiques. Enfin, en sacrifiant aux besoins du pays des sommes considérables, elle manifestait son intention d’en hâter la prospérité, d’en développer les ressources, en un mot de le rendre tel qu’il n’eût rien à envier à la république américaine.

De cette époque date une ère nouvelle, non-seulement pour cette partie des possessions britanniques qui porte le nom de United-Canadas, mais encore pour tous les pays qui s’y rattachent. Le Canada forme comme la base d’une région immense, plus grande que l’Europe, et avec laquelle il tend à entrer en communication par les grands lacs dont il possède la rive septentrionale. Nous voulons parler des territoires du nord et du nord-ouest qui s’étendent depuis le Labrador jusqu’à l’Océan Pacifique, de l’est à l’ouest, et n’ont au nord d’autres limites que les glaces du pôle. Il commande aussi, par sa position, les provinces qui se groupent autour de l’embouchure du Saint-Laurent, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve et les îles adjacentes. Dans cette immense étendue de pays qui se tiennent tous sans solution de continuité, sans l’interposition d’aucune puissance étrangère, il y a une distinction à établir. Les uns sont de véritables colonies : ils possèdent une population sédentaire plus ou moins considérable, qui se consacre à la culture des terres, fonde des villes, et transporte partout avec elle les arts et l’industrie de l’Europe ; les autres n’ont qu’une population flottante, des établissemens particulièrement adaptés à un genre de travail ou de commerce spécial, comme la chasse et la pêche. Ils demandent donc à être examinés à part, ceux-ci pour ainsi dire à vol d’oiseau, comme un désert où l’homme n’apparaît que de loin en loin, ceux-là avec l’attention que mérite une contrée déjà fécondée par l’émigration.


I. – LA REGION DE L’OUEST ET LA REGION MOYENNE DE L’AMERIQUE ANGLAISE. – LA NOUVELLE-GALLES ET LE MAINE ORIENTAL.

Le territoire sur lequel l’Angleterre étend sa domination réelle ou nominale renferme tout l’espace compris, du nord au sud, entre les glaces du pôle et les frontières des États-Unis. L’île de Terre-Neuve en marque le point extrême du côté de l’est ; vers l’ouest, il n’a d’autres limites que l’Océan Pacifique, et, au nord-ouest, il confine l’Amérique russe. C’est donc un monde, mais un monde peu favorisé de la nature, dont les contrées les plus méridionales ne jouissent pas d’un climat plus doux que celui de la Crimée. La partie moyenne peut être comparée