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qui n’eut bientôt plus de représentans qu’à Francfort, où s’étaient réfugiés Mathieu Mérian et ses élèves.

Tandis que la gravure dépérissait en Italie et en Allemagne, l’école anglaise commençait à se former, école peu riche encore, mais dont les origines et les premiers essais ne doivent pas cependant être passés sous silence. L’Angleterre avait semblé jusque-là ne participer au mouvement des beaux-arts en Europe que par le commerce qu’elle faisait de leurs produits. Il y avait bien à Londres un certain nombre de marchands de tableaux et d’estampes ; mais il ne s’y trouvait, sous le règne de Charles Ier, ni peintres, ni graveurs de quelque mérite qui ne fussent nés hors d’Angleterre. Le fameux peintre de portraits Lely, dont les Anglais se glorifient, était Allemand, comme Kneller, qui hérita de sa réputation, comme le graveur Hollar, dont le talent n’avait pu être égalé. Cependant quelques rares élèves de cet habile artiste copiaient de leur mieux son style, lorsque le goût de la gravure en taille-douce, que leurs ouvrages développaient à grand’peine, se changea en passion pour un autre procédé, auquel l’école a dû depuis ses principaux succès. L’importation de ce mode de gravure, dit gravure en manière noire, dont nous nous réservons de parler avec détails lorsque nous traiterons de la gravure au XVIIe et au XVIIIe siècles. détermina les artistes anglais à abandonner les travaux du burin. Presque tous se livrèrent exclusivement à la pratique du genre nouveau ; mais à l’exception de George White, de John Smith et de quelques autres, ils ne firent encore que des pas timides dans une voie où leurs successeurs devaient marcher en maîtres.

Chez les autres nations, qu’y avait-il ? En Espagne, une brillante phalange de peintres dont plusieurs ont laissé des eaux-fortes, peu ou point de talent parmi les graveurs de profession ; — en Suisse, Meyer et quelques autres graveurs recommandables, confondus plus tard avec ceux de l’école allemande ; mais depuis Holbein, qui s’était montré non moins habile dans ses gravures sur bois que dans ses tableaux, aucun artiste hors ligne. Enfin le petit nombre de Suédois et de Polonais qui avaient étudié l’art, soit en Flandre, comme Eberhaert Keylau, soit en Allemagne, comme Lubienetzki, ne réussirent pas à en populariser le goût dans leurs pays, et leurs noms ne doivent guère figurer que pour mémoire dans la liste des graveurs du commencement du XVIIe siècle.