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REVUE. — CHRONIQUE.

rique, l’auteur retrace, du point de vue spécial où il s’est placé, les plus mémorables épisodes des guerres civiles qui ont ensanglanté l’Europe depuis le moyen-âge jusqu’à nos jours. Cette étude lui fournit les bases principales du système qu’il applique à la guerre des rues. Il recherche d’abord quel parti il convient de prendre pour réprimer la révolte. Faut-il occuper et défendre toute la ville, se concentrer dans un grand quartier militaire ou dans une position contiguë, prendre une position extérieure de ralliement ou enfin s’éloigner tout-à-fait de la capitale ? Il y a là cinq solutions techniques entre lesquelles la science militaire doit se prononcer : c’est à la première de ces cinq solutions, c’est-à-dire à la défense et à l’occupation de la ville entière, que sont consacrés les principaux développemens du livre. L’auteur traite le système de l’occupation de manière à ce qu’à un moment quelconque de la crise, et suivant les circonstances, on puisse nécessairement adopter un ou plusieurs des autres plans. Il donne une statistique neuve et complète des forces de l’émeute comme des moyens de la répression, ainsi qu’une série de principes fondamentaux dans ce genre de guerre. Il étudie ensuite les mesures générales de défense dans toute la ville supposée occupée, l’emploi de la troupe de ligne et de la garde nationale, les dispositions à observer pour l’emplacement de mairies-casernes-magasins dans chaque arrondissement : ces établissemens, toujours groupés de la manière la plus convenable, forment, sous les ordres des généraux de brigade revêtus des pouvoirs de l’état de siége, autour des quartiers-généraux et des réserves divisionnaires, un réseau de positions secondaires, véritables citadelles actives, fortes de la réunion la plus complète de tous les moyens de défense et d’approvisionnement. Autour de chacune de ces positions principales, un cercle de positions tertiaires est occupé par des détachemens mixtes de troupes de ligne et de gardes nationales de l’arrondissement. Le réseau du quartier-général central, des positions principales ou divisionnaires, des positions secondaires ou subdivisionnaires, des positions tertiaires, est approvisionné en vivres et munitions de tous genres pour toutes les éventualités. Enfin des principes sont posés pour le fractionnement des troupes et du commandement, pour la division et la subdivision du théâtre de la lutte, tant entre les murs de la ville révoltée que hors de son enceinte.

Telles sont les dispositions générales préliminaires et invariables en cas d’émeute. Viennent ensuite les prescriptions de détail pour la marche et l’établissement des troupes, lorsque les circonstances ordonnent de les mettre en mouvement. M. le général Boguet indique la manière de diriger ces nouvelles opérations ; il traite des cheminemens le long des rues, à travers les places, de maison en maison, de chambre en chambre, — de l’attaque des barricades et des positions diverses. Il ne perd jamais de vue, au milieu des complications de cette guerre des rues, que les deux camps appartiennent à la même nation ; il éloigne toute pensée d’antagonisme politique ce sont les devoirs du soldat citoyen qu’il trace, devoirs souvent rigoureux, mais que la passion ne domine jamais. Les intérêts à défendre sont trop importans pour qu’il soit nécessaire de faire appel à d’autres sentimens qu’à ceux du patriotisme.

Un dernier chapitre résume et complète les dispositions permanentes ou accidentelles indiquées dans le livre : nous avons remarqué tout un ensemble de mesures proposées pour qu’en cas de révolte, et au premier signe du télégraphe, de grandes circonscriptions administratives et militaires s’établissent dans le