propos remise devant les yeux d’un prince confiant et chimérique, a fini par coûter d’hommes au Piémont ! » Les villages de Santa-Lucia, de Santa-Croce et de San-Massimo forment une troisième ceinture de postes avancés dont il faut se rendre maître avant de pénétrer dans Vérone. Ce ne fut pas sans une grande effusion de sang qu’en 1799 nos troupes républicaines, sous les ordres de Schérer, attaquèrent ces positions. San-Massimo, pris et repris sept fois par les Français et les Autrichiens, finit par rester au pouvoir de ces derniers. Là où nos armes avaient une fois échoué, les légions piémontaises, si braves qu’elles fussent, conservaient peu de chance de réussir. Dirigées contre des retranchemens en pierres sèches, derrière lesquels s’abritait l’ennemi, la fusillade, la mitraille, les foudroyèrent. Sombre et lugubre journée que celle-là ! Non loin de nous, dans un cimetière où nous voyions assis, sous un cyprès, deux moines qui causaient pacifiquement, les impériaux s’étaient embusqués. Un détachement de la brigade d’Aoste s’élance à l’assaut des murailles, et dans ce champ de la mort, détrempé par la pluie, au milieu de ces croix profanées et de ces ossemens souillés de fange, on s’attaque, on s’escrime, on s’égorge à la baïonnette. Après plusieurs heures d’une lutte acharnée et des plus sanglantes, le roi, qui avait toujours été au plus fort de la mêlée, s’exposant comme le premier de ses soldats, commande qu’on batte en retraite, — ce que voyant, les Autrichiens tentent de poursuivre l’aile droite ; mais le jeune duc de Savoie, par un mouvement d’héroïque impétuosité, se précipite sur eux et dégage ses troupes.
L’attaque des avant-postes de Vérone fut une tentative téméraire et mal dirigée ; l’ensemble manqua aux différens corps d’armée. Ignorantes du terrain sur lequel les opérations devaient s’exécuter, les troupes piémontaises venaient assaillir des retranchemens munis d’artillerie avec des batteries dont l’effet demeurait nul, puisqu’elles ne pouvaient approcher à cause de la difficulté du sol. Après huit heures de carnage, le combat aboutit à un de ces mouvemens de retraite comme on en fait à la suite de grandes manœuvres, sans qu’on eût seulement songé à détruire les ouvrages des points dont on s’était momentanément emparé pendant l’action. Un autre trait non moins caractéristique de cette affaire, c’est que, lorsqu’il fallut pourvoir au service des blessés, il se trouva qu’on avait oublié les ambulances, et que, s’il y avait des chirurgiens dans le corps sanitaire, ces chirurgiens ne possédaient aucun des instrumens indispensables ; force fut de s’adresser aux Parmésans. « Ce matin, l’ennemi, avec toutes ses forces, est venu assaillir nos avant-postes de Vérone ; le feu s’est propagé rapidement sur toute la ligne ; l’attaque principale de nos adversaires eut lieu à Sainte-Lucie. La valeur déployée par l’ennemi en cette circonstance est égale à celle de nos troupes dans la défense. Le combat a