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11 millions environ constituent la somme d’encouragemens directs que Louis-Philippe a dispensés personnellement aux artistes pendant la durée de son règne.

Les visites royales devaient être un bienfait pour le Musée lui-même. La pénurie d’une liste civile restreinte et obérée mettait le roi dans l’impuissance d’achever le Louvre à ses frais : le parlement, dans un accès d’économie mal raisonnée, lui en avait refusé les moyens ; mais, si le vieux monument devait rester inachevé, Louis-Philippe voulait du moins lui rendre la vie en tournant tous ses efforts vers les arts qui en font la gloire, vers le Musée qui en est l’ame. Au moment où Louis-Philippe est monté sur le trône, le Musée, noblement accru déjà par la munificence du roi Charles X, contenait six grandes collections. Il n’est pas une seule de ces collections qui n’ait été plus ou moins agrandie et augmentée de 1831 à 1848, pas une seule qui n’ait reçu des dispositions nouvelles, dans la pensée de favoriser les jouissances du public éclairé et les études des artistes. Pour compléter l’ensemble des écoles étrangères, le roi dota même le Louvre d’une collection de tableaux espagnols achetés à ses frais, et qui coûtèrent plus de 1,300,000 francs.

Pendant ces dix-sept années, le roi porta son attention sur l’école française, sur la collection des dessins, sur le Musée de Marine, sur l’étude de l’antiquité par les modèles, enfin sur les collections nouvelles, d’un si haut intérêt pour l’art et pour l’histoire, que pouvaient fournir les récentes découvertes faites en Assyrie, dans l’Asie-Mineure et dans l’Afrique française. Au moment de la révolution de février, la plus grande partie de ces dispositions était terminée ; ce qui restait à faire était ordonné ou déjà même en cours d’exécution.

Plusieurs salles furent spécialement consacrées à l’art français. Les unes étaient destinées aux copies des tableaux de l’école italienne par les anciens élèves de l’école de Rome, les autres devaient recevoir exclusivement les œuvres des maîtres français ; déjà pleines de chefs-d’œuvre, trois de ces salles avaient été placées sous l’invocation des noms les plus glorieux : Poussin, Lesueur, Joseph Vernet. La collection de dessins de maîtres trop long-temps négligée recevait un large développement. L’exposition de cette dernière collection, qui ne comptait que quatre cents dessins sous l’empire et sous la restauration, en présentait près de deux mille à la fin de 1847.

Le Musée de Marine, largement amélioré, fut disposé au second étage du Louvre, qui n’était, avant 1830, qu’un dépôt de décombres, et n’avait reçu depuis lors aucune destination. Enfin le rez-de-chaussée de l’antique palais, restauré et déblayé à grands frais, ouvrit au public ses vastes salles, qui avaient reçu six collections où l’art devait trouver encore de précieux modèles, où l’archéologie devait puiser de