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SOUVENIRS


DU NOTTINGHAMSHIRE.




I. – LA FORÊT DE SHERWOOD ET LES CHÊNES HISTORIQUES. – LES VIEILLES EGLISES. – ROBIN HOOD.

Une aimable hospitalité m’avait appelé dans un des plus beaux comtés de l’Angleterre, celui de Nottingham. Il touche au Derbyshire, qui passe pour être le plus beau. Cette beauté est celle du paysage anglais. Pour les étrangers, elle est un peu uniforme ; mais je ne m’étonne pas qu’elle plaise aux Anglais : elle est à l’image de leur esprit. Le paysage a plus ou moins la physionomie de l’homme qui l’habite. Dans le paysage anglais, je reconnais les principaux traits du caractère anglais ; c’est le pays où tout le monde ressemble le plus à tout le monde : leur mot excentrique le dit assez : — excentrique, ou qui sort du centre, qui ne ressemble pas aux autres, qui diffère du patron commun ; — et c’est parce que la chose fait scandale ; que le mot a été imaginé. La terre porte l’empreinte de cette uniformité : ce sont partout des prairies on des champs enclos de haies ; mais la prairie domine. Le sol est divisé en compartimens, les champs semblent se hiérarchiser ; ils sont d’ailleurs admirablement cultivés ; les prairies nourrissent le plus beau bétail du monde. Les formes de la terre sont aussi fécondes que celles de la société : pourquoi l’Angleterre les changerait-elle ? Aussi est-ce comme étranger que je remarque cette uniformité du paysage anglais. Il n’a pas les grandes lignes du paysage classique,